Actuellement, en
2017, la presse parle de l’affaire dite « affaire DÉPAKINE® ». Ce
médicament a été prescrit chez des femmes enceintes et a entraîné des malformations
congénitales chez certains bébés.
Or, le risque
tératogène (qui produit ces malformations congénitales) de l’acide valproïque
(DÉPAKINE®) est connu de longue date. Une expérience vécue, en 2003,
montre comment un médecin a su protéger sa patiente. Ce cas met en évidence le
bon réflexe que tout professionnel de santé devrait intégrer à sa pratique
courante.
La chronologie de
cette histoire vécue est la suivante :
Quinze (15) ans plus tôt : mise en place de la
pharmacovigilance au centre hospitalier de Cholet
À l’hôpital de
Cholet, la mise en place de la pharmacovigilance est initiée en septembre 2002.
Quelques mois après, l’agence nationale d’accréditation et d’évaluation en
santé (ANAES ; actuelle HAS : haute autorité de santé) certifie
l’hôpital sans aucune réserve dans ce domaine de la pharmacovigilance.
Un des aspects
importants de cette discipline concerne justement les « questions Grossesse ».
La pharmacovigilance aide les prescripteurs à prendre leurs décisions de façon
éclairée lorsque des patientes, en âge de procréer ou enceintes, sont
confrontées à des prescriptions de médicaments.
Fin 2003, la question d’un médecin sensibilisé à la
pharmacovigilance
Ce médecin nous
interroge :
« Une de mes
jeunes patientes est sous DÉPAMIDE® (valpromide) 300mg : 1 comprimé le
matin et 1 comprimé le soir ; pour trouble bipolaire atténué. Son couple
envisage une grossesse… Que prévoir ?? »
Précisons que
lorsque ce médicament (valpromide) est absorbé par une patiente, une fois dans
le corps humain, il se transforme notamment en acide valproïque (DÉPAKINE®).
À cette question, la pharmacovigilance a proposé la réponse suivante.
Réponse de la pharmacovigilance adressée à ce médecin
en 2003
« (…) Le
valpromide est métabolisé en acide valproïque et en valproate qui est un
produit tératogène chez l’animal et chez l’homme.
Dans l’espèce humaine,
les malformations observées sont des défauts de fermeture du tube neural (avec
une fréquence de 1 à 2%), des dysmorphies faciales, des anomalies du cœur, des
membres et des hypospadias chez les nouveaux-nés de sexe masculin.
En pratique, une
réévaluation du rapport bénéfice/risque du traitement devra être faite par le
médecin avant le début de la grossesse.
Si le traitement
est poursuivi, une supplémentation en acide folique (5mg/j) peut être
conseillée afin de diminuer le risque de défauts de fermeture du tube neural.
Celle-ci doit débuter avant la grossesse (idéalement à l’arrêt du contraceptif)
et se poursuivre durant le premier trimestre.
Une surveillance
anténatale ciblée sur la face, les membres, le cœur devra être faite par
échographie. Une recherche de défaut de fermeture du tube neural par
échographie et amniocentèse (dosage d’alphafoetoprotéine et recherche
d’acétylcholinestérase dans le liquide amniotique) est également à prévoir.
De plus, il
conviendra d’informer les pédiatres qui prendront en charge l’enfant (…) ».
Des informations disponibles dès 1990
Dans le VIDAL®,
version 1990, il est précisé notamment :
« (…) quelques
cas de polymalformations et de dysmorphie faciale ont été rapportés. La réalité
et la fréquence de ces effets ne sont pas clairement établies à l’heure
actuelle. Cependant, sur la base d’une étude isolée, le valproate de sodium
semble induire préférentiellement des anomalies de fermeture du tube
neural : myéloméningocèle, spina bifida (…) malformations dont le diagnostic
anténatal est possible. La fréquence de cet effet est de l’ordre de 1 pour cent
(…) ».
Le 24 mai 2015, un rappel des risques et des notions à
titre préventif diffusé au sein de l’établissement
Deux jours avant le
point d’information du 26 mai 2015 de l’ANSM (agence nationale de sécurité du
médicament) concernant le renforcement des conditions de prescription et de
délivrance des médicaments à base de valproate et dérivés du fait des risques
liés à leur utilisation pendant la grossesse, nous avons publié un article
intitulé : « Grossesse et malformations congénitales présumées d’origine médicamenteuse : quelques notions à titre préventif. »
Cet article a été
diffusé à l’ensemble des professionnels de santé du centre hospitalier de
Cholet.
Une affaire de quoi ? de qui ?...
Cette « affaire
DÉPAKINE® » me semble être, avant tout, une affaire de mésusage.
Une interrogation
reste en suspens : ce mésusage aurait-il cessé depuis les nouvelles
données publiées ?
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