Dans son dernier
communiqué du 2 mai 2017 intitulé « Docétaxel : point d’étape sur les investigations en cours – Point d’information »,
l’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) ne semble pas intégrer tous les cas de décès sous Docétaxel.
Pourtant, ce communiqué
indique qu’il s’agit de « partager l’ensemble des informations disponibles
à date en France et en Europe sur le docétaxel. » Or, ces « informations » ne semblent
pas exhaustives.
En effet, un autre cas de décès a été
transmis au système national de pharmacovigilance française : à l’ANSM. Ce
décès semble exclu de
l’analyse livrée par l’ANSM en ce 2 mai 2017. Pourtant, les données de ce cas
pourraient aider à l’appréciation du rapport bénéfice / risque du Docétaxel.
Ce cas de décès, ignoré par l’ANSM, donne
quelques orientations :
- Le patient décédé
est de sexe masculin ;
- C’est la spécialité
princeps (TAXOTERE®), et non le générique, qui a été prescrite ;
- L’indication n’est
pas celle du cancer du sein ;
- Suite à ce décès,
trois médicaments sont suspectés (et non pas seulement le Docétaxel) :
TAXOTERE® (docétaxel), l’Itraconazole et OPDIVO® (nivolumab) ;
- Une « interaction » médicamenteuse
entre le Docétaxel et l’Itraconazole pourrait être à l’origine d’« une augmentation de la toxicité du
docétaxel ». La « symptomatologie
d’évolution fatale est tout à fait évocatrice d’une toxicité du docétaxel.
Cette dernière a pu être favorisée par l’effet inhibiteur de l’itraconazole du
CYP3A4 enzyme intervenant dans le métabolisme du docétaxel. » ;
- Le « rôle étiologique de l’immunothérapie
par nivolumab dans la survenue de la colite ne peut toutefois pas
formellement » être « éliminé ».
Malgré l’arrêt de ce médicament 1 mois plutôt. Ce qui soulève la
question suivante : faudrait-il instaurer une fenêtre thérapeutique (un
certain temps sans chimiothérapie anticancéreuse) dans tout protocole
faisant succéder une prescription de Docétaxel à celle de Nivolumab (après
l’arrêt du Nivolumab, respecter un certain temps (calculable) avant d’initier
un traitement par Docétaxel) ? ;
- Pour chacun de ces
trois médicaments, une imputabilité intrinsèque (établie par croisement des
scores chronologiques et sémiologiques) de niveau « I1 » (Douteuse) est retenue ;
- Pour l’OPDIVO® et
le TAXOTERE®, une imputabilité extrinsèque (c’est-à-dire bibliographique) de
niveau « B3 » (le maximum)
est retenue (car l’effet est déjà décrit dans au moins un des ouvrages
pharmacologiques de référence).
Ces données, non
exhaustives, ne permettent pas de tirer une conclusion. Il est difficile
d’établir un lien de causalité certain et direct entre ces médicaments et le
décès survenu. Mais, ces informations pourraient être utiles lors d’éventuelles
études notamment épidémiologiques ultérieures. Et, c’est tout le sens de la
pharmacovigilance. Ce cas devrait donc être intégré par l'ANSM.
D’ailleurs, d’un
évaluateur à l’autre, l’imputabilité retenue peut varier.