À l’hôpital public, le problème des lits n’est pas une nouveauté. La Covid-19, liée au coronavirus (Sars-CoV-2), est venue révéler, au public, cette
équation concernant plus particulièrement les lits des services de réanimation.
Pour comprendre la situation actuelle (insuffisance des moyens notamment
humains et matériels) et contribuer à la réflexion, nous proposons la lecture d’une
lettre datant du mois de mai 2008.
Ce courrier est adressé par le directeur d’un hôpital public au
chef de service de réanimation de ce même hôpital. Une copie de ce document
est également envoyée à deux autres médecins de cet établissement : le
président de la commission médicale d’établissement (CME) ; et le médecin
responsable du département d’information médicale (DIM : celui qui
convertit l’activité médicale en argent - euros - dans le cadre de la
tarification à l’activité).
Dans cette missive, le directeur, constatant une baisse d’activité du service de
réanimation, demande alors au chef de service de s’expliquer sur la perte financière (baisse du chiffre d’affaires)
engendrée. Ensuite, il oblige le chef de service soit d’augmenter l’activité (faire venir des patients en réanimation
?), soit de diminuer les charges
(lits, personnels, matériels, etc. ?).
Le contenu de cette lettre est le suivant :
« (…)
Monsieur
le Docteur (…)
Chef de
service
Réanimation
Objet : Valorisation des séjours en service
de réanimation
Docteur,
Je
viens de prendre connaissance de la valorisation
des séjours en service de réanimation
pour la période du 1er trimestre 2008 (copie jointe en annexe :
« Comparaison pluriannuelle du C.A.
[chiffre d’affaires] cumulé par semaine
en Euros »).
Ces résultats
m’ont beaucoup surpris eu égard aux mêmes périodes de 2006 et 2007.
Cette
évolution est inquiétante.
Je vous
serais reconnaissant de bien vouloir me faire part de votre analyse de
cette situation qui contribue à alimenter les mauvais résultats financiers de l’établissement.
Ces
résultats de votre service, à l’issue de ce trimestre et compte-tenu de l’évolution
depuis plusieurs mois, obligent à réagir dans les meilleurs délais en
augmentant les recettes et/ou en
diminuant les charges.
Je
souhaite évoquer cette question lors d’une rencontre dans le courant du
mois de mai 2008.
(…)
Le Directeur
(…). »