Parler de la
politique du médicament sans associer le pharmacien serait comme préparer une
fête de Noël en oubliant la dinde et les fruits de mer.
Voici un vrai thème
qui concerne tous les Français et qui
se trouve à l’intersection de plusieurs
domaines : Santé, Justice, Éducation, Environnement, etc.
Les années passent.
Le chiffre se confirme. Chaque année en
France, les médicaments, et notamment leur mauvaise utilisation
(mésusage), génèrent près de 20.000
décès. Ce nombre de morts annuel dépasse largement celui constaté lors des accidents
de la route.
Mais, encore une
fois, ce véritable problème de santé publique ne semble pas intéresser les candidats à l’actuelle, et folle, élection
présidentielle. Les députés de
la Nation, les maires - qui souvent
président les conseils de surveillance (ex. conseils d’administration) des
hôpitaux - et les partis d’opposition
ne manifestent pas non plus une attention particulière à ce fléau national.
C’est pourtant l’Homme
(femme et homme) politique qui a su ériger les accidents de la route en grande cause nationale.
Comment donc expliquer
ce chronique désintérêt de ces gouvernants face à cette véritable urgence de santé publique ?
À notre connaissance,
seule une députée européenne
d’Europe Écologie, Michèle Rivasi,
aurait invité, au moyen d’un questionnaire, les candidats à détailler leur
politique du médicament. Mais, ce questionnaire n’aborde pas l’une des questions fondamentales : la
sécurisation du circuit du médicament dans les établissements de santé
(publics et privés). C’est tellement « facile » de stigmatiser la
seule « industrie pharmaceutique »… Le nœud du problème est occulté
et la solution cardinale ne semble même
pas identifiée par les auteurs de ce travail. Ce groupe, incluant Monsieur Philippe EVEN, ne ferait d’ailleurs apparaitre
aucun pharmacien. Ce dernier est pourtant présumé être le spécialiste de
ce domaine.
Les
dysfonctionnements latents du circuit du médicament, constatés à l'intérieur et à l'extérieur des établissements de santé, ne concernent pas
uniquement l’Organisation hospitalière. Ils impliquent nécessairement d’autres Institutions :
Justice, Éducation, Environnement, etc.
Comprenons bien qu’un accident médicamenteux en moins est potentiellement un
dossier en moins pour la Justice… L’évitable
et le coûteux désordre, à l’origine d’une insécurité médicamenteuse, contribue
à l’encombrement des urgences et des tribunaux.
Une solution,
d’ordre préventif, existe pourtant. Elle n’appelle le vote d’aucun texte
supplémentaire. Elle est rappelée dans plusieurs états des lieux, audits et
rapports qui s’entassent depuis de nombreuses années ; des documents indépendants et réglementaires en
tout premier lieu. C’est une solution chère aux Magistrats de la Chambre régionale des comptes, notamment. Elle
permet de réduire, de façon
significative, le nombre de victimes
des accidents médicamenteux tout en générant une économie substantielle pour la Collectivité.
Par ailleurs, qui
s’intéresse à la gestion des déchets médicamenteux
? Qui s’inquiète de ces infirmières, peut-être même enceintes, qui prépareraient,
et sans protection, des médicaments anticancéreux ? Comment sont gérés
les excrétas (urines, selles, etc.) des
patients contenant ces médicaments anticancéreux notamment dans le cadre de l’HAD (hospitalisation à domicile) ?
Etc. Des médicaments anticancéreux qui peuvent se retrouver dans l’organisme d’une
personne saine (non traitée) par un simple contact avec ces produits, lors de
la manipulation desdits excrétas, ou suite à la pollution environnementale. Des
médicaments potentiellement tératogènes (à l’origine de malformations
congénitales).
Le silence opposé à
ce sujet de société est incompréhensible. En retour, les professionnels de
terrain ne semblent plus prêter qu’une oreille discrète à l’inflation des textes. Quel est l’intérêt d’une loi si cette
dernière n’est ni appliquée ni évaluée ?
Enfin, comme vient
de le confirmer un collègue médecin d’une autre région : « on sait que 1 décès médicamenteux sur 2 peut être évité ! » Ce
professeur de médecine rappelle aussi que les effets indésirables médicamenteux
« restent la première cause d’admission à l’hôpital avant les maladies
cardiovasculaires, neurologiques, oncologiques ou autres… ».
Cette apparente
frilosité, voire ignorance, nous permet d’émettre l’hypothèse
suivante : cette « première
cause d’admission à l’hôpital » ne favoriserait-elle pas, parallèlement
et paradoxalement, l’entretien du niveau d’activité de l’hôpital et donc son
financement (à l’activité) ?
Il y a lieu de s’interroger
vraiment sur les compétences réelles et sur les modalités de recrutement des « Conseillers » qui entourent les décideurs. Comment résoudre un problème sans aborder ses causes profondes ?