Le 21 mars 2019, le
CTIAP du centre hospitalier de Cholet s’est désolidarisé de l’appel effectué, au nom de tous les professionnels
de santé, par « 50 sociétés savantes ». Ces dernières plaident pour
la « généralisation »
du vaccin papillomavirus (GARDASIL®, GARDASIL 9®, CERVARIX®…). Dans notre
article du 21 mars dernier, seule la facette « bénéfice » a été brièvement commentée en attendant
notre rencontre prévue le 23 mai
prochain.
Mais, un médicament
(dont un vaccin) a deux facettes inséparables qui rappellent étrangement celles
d’une pièce de monnaie : le bénéfice et le risque.
Le présent article
souhaite donc porter à la connaissance du public notamment, là encore de façon brève, un petit bilan de pharmacovigilance, non
exhaustif, dont le contenu puise ses sources dans des articles publiés. Les « effets indésirables »
enregistrés dans le monde, ci-dessous présentés, seront expliqués de façon plus
détaillée lors de ladite réunion prévue le 23 mai 2019.
Un rappel préalable semble important. En effet, le fait
qu’un effet indésirable, notamment grave, soit notifié (déclaré) et enregistré ne veut pas dire systématiquement qu’il
est dû, avec certitude, au vaccin. De même, le
risque d’effet indésirable ne se réalise pas toujours. Pour comprendre ce
point, nous avons déjà consacré une réunion entière (le 22 novembre 2018) à la compréhension du raisonnement
en pharmacovigilance et de ses limites notamment. L’interprétation des effets
indésirables notamment graves, ci-dessous listés, est donc délicate.
L’imputabilité est incertaine. Le lien de causalité reste fragile voire indéterminé.
Le niveau de preuve est faible. Mais, l’absence de preuve du lien de causalité
ne signifie pas pour autant que cette causalité ne pourrait pas exister. Globalement,
disons que la balance bénéfice/risque
demeure incertaine malgré des millions
de doses distribuées dans le monde. Comme le montrent nos précédentes
écritures relatant l’état du droit en matière d’information sur le médicament,
les patients ont le droit à notamment une information claire, loyale et
appropriée ; une information pérenne (même lorsque le patient a arrêté le
traitement concerné) ; une information portant sur le rapport
bénéfice/risque de chaque médicament, et en particulier sur les effets
indésirables fréquents ou graves (même exceptionnels) connus de la
pharmacovigilance (y compris de nouveaux signaux), etc. Dans le cas des
vaccins, rappelons aussi que la personne n’est pas malade.
En général, les effets indésirables enregistrés sont
bénins et transitoires. Ils sont, pour certains d’entre eux, déjà mentionnés
dans le résumé des caractéristiques du produit (RCP ; version du VIDAL®2018)
des vaccins papillomavirus.
Les articles
publiés relatent des observations portant sur des effets indésirables tels que
des réactions au site d’injection,
parfois sévères (douleurs, gonflements) ; fièvres ; érythèmes ;
céphalées ; nausées ; vertiges ; réactions
anaphylactiques (allergies graves), potentiellement mortelles ; infections cutanées ; syncopes parfois accompagnées de
mouvements tonico-cloniques ; syndromes
douloureux dits « complexes »
(sensation de brûlures, de douleur du bras et de l’avant-bras, engourdissement,
troubles de la sensibilité, paresthésies voire paralysies) ; cécités ; anxiétés ; chutes à
l’origine de blessures, de fractures ou d’hémorragies cérébrales.
Concernant le syndrome de Guillain-Barré, une
étude française estime le nombre de cas à environ 1 à 2 cas par an pour
100 000 filles vaccinées. Le lien de causalité semble plausible. Certaines
patientes ont été mises sous nutrition entérale ou parentérale voire sous
ventilation mécanique assistée. De façon générale, le risque serait 4 fois plus
grand après vaccination. Ce risque inhérent à cette affection grave, parfois
mortelle, pourrait peser dans la décision thérapeutique. C’est ainsi que la
revue indépendante Prescrire considère que « Dans
l’étude française, le vaccin a été associé à un surcroît d’environ 1 à 2 cas
pour 100 000 filles vaccinées. Autrement dit, dans l’hypothèse où chaque
année les 400 000 jeunes filles concernées par la vaccination choisiraient
d’être vaccinées, il y aurait de ce fait chaque
année 4 à 8 jeunes filles de plus atteintes de syndrome de Guillain-Barré
du fait du vaccin, avec une mort tous
les 2 ans à 3 ans. Chaque année, 1
ou 2 femmes resteraient handicapées de façon durable. »
Concernant les maladies inflammatoires chroniques
intestinales, le lien de cause à effet est de faible niveau de preuve.
Concernant la thyroïdite, le lien statistique
reste fragile. Le rôle de l’adjuvant
lipidique AS04C, contenu dans le
vaccin CERVARIX®, se pose. D’autant plus que, dans son avis en date du 5 mars
2008, la Haute autorité de santé (HAS) relève les « incertitudes concernant le
profil de tolérance à long terme non établi de l’adjuvant AS04 ».
La question se pose aussi eu égard au lien épidémiologique observé entre les narcolepsies chez les enfants et
les adolescents et le vaccin grippal H1N1v à sous-unité avec adjuvant AS03 qui a été utilisé en
2010.
Concernant les décès, le lien de causalité n’est pas
démontré. Pas moins de 168 morts ont
été recensés parmi les personnes vaccinées selon la base Vaers (base américaine
de pharmacovigilance). L’interprétation de ces décès est délicate. Dans la base
européenne de pharmacovigilance, des extraits accessibles relèvent pas moins de
90 décès après vaccination par le
GARDASIL® ; des décès codés sous le
terme de troubles généraux ; les délais de survenue ne sont pas
renseignés ; l’interprétation de ces cas par l’Agence européenne du
médicament n’est pas disponible. Avec le vaccin CERVARIX®, lors d’un essai
clinique, 14 jeunes filles vaccinées sont
décédées contre 3 décès dans le groupe témoin (jeunes filles non vaccinées). La
cause principale des décès était des cancers : du sein, du col, glioblastome,
myélome multiple. Ces cas semblent isolés.
Une mort subite a également été déclarée au niveau européen
sans pouvoir accéder à l’interprétation de ce cas par l’Agence européenne du
médicament.
Concernant les autres effets indésirables enregistrés,
le lien de causalité n’est pas retenu non plus. Il s’agit notamment de :
ménopauses précoces ; atteintes ovariennes ; maladies
auto-immunes ; atteintes neurologiques ; scléroses en plaques ;
affections démyélinisantes du système nerveux central ; 2 décès troublants suite à des
encéphalopathies ; lupus cutanés ou systémiques ; sclérodermies
localisées ou systémiques ; vascularites ; polyarthrites rhumatoïdes
ou arthrites juvéniles ; myosites, polymyosites ou dermatomyosites ;
syndrome de Gougerot-Sjögren ; purpura thrombopénique immunologique ;
maladies coeliaques ; diabète de type 1 ; maladie de Berger ;
maladie de Behçet ; syndrome de Raynaud ; érythème noueux ;
hyperthyroïdie ; neuropathies périphériques ; névrites
optiques ; pancréatites ; thromboses ; syndrome de fatigue
chronique ; crise d’asthme ; narcolepsie ; cancers ; etc.
Concernant la grossesse, plus de 2600 femmes
enceintes ont été exposées à ces vaccins par « inadvertance ».
Les données ne semblent pas montrer une augmentation du risque par rapport à la
population générale. Il a été observé, sans que le lien de causalité ne soit
démontré, notamment des avortements
spontanés ; naissances
gémellaires ; grossesses
ectopiques ; malformations
majeures ou mineures. Les données chez l’animal (Rat) ne semblent pas avoir
montré de toxicité particulière sur la reproduction ou le développement
embryofœtal. Mais, ces vaccins sont à
éviter chez la femme enceinte.
Approximativement de mi-2013 à début 2014, et depuis
sa commercialisation en 2006, sur près de 127 000 000 de doses du vaccin
GARDASIL® distribuées dans le monde (soit environ 40 000 000 de femmes vaccinées), 26 675 déclarations de possibles effets indésirables graves
ont été enregistrées. Voici quelques chiffres :
États-Unis
d’Amérique
Nombre de
notifications : 25 176
Nombre de déclarations pour effets
indésirables graves : 1 913
Nombre de
doses : 67 000 000
Australie
Nombre de
notifications : 1 991
Nombre de
doses : 7 000 000
France
Nombre de
notifications : 2 092
Nombre de déclarations pour effets
indésirables graves : 503
Nombre de
doses : plus de 5 000 000
Danemark
Nombre de
notifications : 1 000
Nombre de déclarations pour effets
indésirables graves : 200
Nombre de
doses : 1 500 000
Par ailleurs, une
étude Australienne, publiée en 2014, a mis en évidence une plus faible participation au dépistage du cancer du col de l’utérus
chez les filles vaccinées.
La revue Prescrire
n’est pas la seule revue indépendante dans le monde. Il serait intéressant de
découvrir les avis des autres entités indépendantes étrangères. Dès 2006, au
Danemark par exemple, L’Institut for
rationel farmakoterapi soutenait qu’« il
n’y a encore pas de données sur
l’efficacité à long terme ou les
effets indésirables à long terme de Gardasil®. Les données de prévention du
développement de cancer du col sont préliminaires et basées sur des critères intermédiaires. Les essais avec des critères
cliniques de jugement nécessitent des durées d’observation plus longues, et
pourraient poser des problèmes éthiques ».
Cette évaluation
clinique ne saurait non plus être substituée par des « modélisations »,
« simulations », « extrapolations »… « informatiques »…
De façon générale, moins de 0,3% des infections par un HPV
cancérogène évoluent vers un cancer du col de l’utérus. Cette évolution est
donc rare et lente.
Par conséquent, la question
relative à l’utilité de ces vaccins
se pose eu égard notamment à l'incertitude du rapport bénéfice/risque.
Enfin, pourquoi le
GARDASIL® n’avait pas suivi la voie habituelle pour l’admission au
remboursement et à l’agrément aux collectivités ? Il a été admis par
deux arrêtés datant du juillet 2007. Le Ministre de la santé de l’époque
estimait que le montant du remboursement « pourrait atteindre 100 millions
d’euros par an » en France.
Et de façon pour le
moins surprenante, le dépistage,
l’usage des préservatifs, l’éviction
des pratiques à risque, etc. ne semblent pas fait l’objet
d’autant de bruit commercial. Il
semblerait même que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommanderait la
« circoncision
masculine » parmi les mesures de « prévention primaire ».
Pour
expliquer toutes ces informations, et répondre à vos questions, nous vous
donnons donc rendez-vous le 23 mai 2019,
à 19h30, au centre hospitalier de Cholet.
Dans
l’attente, le CTIAP considère qu’aussi bien le public que les autorités
ad hoc doivent être informés, de façon
indépendante, afin qu’ils puissent prendre leurs décisions respectives de façon
éclairé. Le seul but poursuivi est celui de l'intérêt général.