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mardi 13 juin 2017

L’« affaire DÉPAKINE® » : Cholet, 2003


Actuellement, en 2017, la presse parle de l’affaire dite « affaire DÉPAKINE® ». Ce médicament a été prescrit chez des femmes enceintes et a entraîné des malformations congénitales chez certains bébés.

Or, le risque tératogène (qui produit ces malformations congénitales) de l’acide valproïque (DÉPAKINE®) est connu de longue date. Une expérience vécue, en 2003, montre comment un médecin a su protéger sa patiente. Ce cas met en évidence le bon réflexe que tout professionnel de santé devrait intégrer à sa pratique courante.

La chronologie de cette histoire vécue est la suivante :

Quinze (15) ans plus tôt : mise en place de la pharmacovigilance au centre hospitalier de Cholet

À l’hôpital de Cholet, la mise en place de la pharmacovigilance est initiée en septembre 2002. Quelques mois après, l’agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé (ANAES ; actuelle HAS : haute autorité de santé) certifie l’hôpital sans aucune réserve dans ce domaine de la pharmacovigilance.

Un des aspects importants de cette discipline concerne justement les « questions Grossesse ». La pharmacovigilance aide les prescripteurs à prendre leurs décisions de façon éclairée lorsque des patientes, en âge de procréer ou enceintes, sont confrontées à des prescriptions de médicaments.

Fin 2003, la question d’un médecin sensibilisé à la pharmacovigilance

Ce médecin nous interroge :

« Une de mes jeunes patientes est sous DÉPAMIDE® (valpromide) 300mg : 1 comprimé le matin et 1 comprimé le soir ; pour trouble bipolaire atténué. Son couple envisage une grossesse… Que prévoir ?? »

Précisons que lorsque ce médicament (valpromide) est absorbé par une patiente, une fois dans le corps humain, il se transforme notamment en acide valproïque (DÉPAKINE®).

À cette question, la pharmacovigilance a proposé la réponse suivante.

Réponse de la pharmacovigilance adressée à ce médecin en 2003

« (…) Le valpromide est métabolisé en acide valproïque et en valproate qui est un produit tératogène chez l’animal et chez l’homme.

Dans l’espèce humaine, les malformations observées sont des défauts de fermeture du tube neural (avec une fréquence de 1 à 2%), des dysmorphies faciales, des anomalies du cœur, des membres et des hypospadias chez les nouveaux-nés de sexe masculin.

En pratique, une réévaluation du rapport bénéfice/risque du traitement devra être faite par le médecin avant le début de la grossesse.

Si le traitement est poursuivi, une supplémentation en acide folique (5mg/j) peut être conseillée afin de diminuer le risque de défauts de fermeture du tube neural. Celle-ci doit débuter avant la grossesse (idéalement à l’arrêt du contraceptif) et se poursuivre durant le premier trimestre.

Une surveillance anténatale ciblée sur la face, les membres, le cœur devra être faite par échographie. Une recherche de défaut de fermeture du tube neural par échographie et amniocentèse (dosage d’alphafoetoprotéine et recherche d’acétylcholinestérase dans le liquide amniotique) est également à prévoir.

De plus, il conviendra d’informer les pédiatres qui prendront en charge l’enfant (…) ».

Des informations disponibles dès 1990

Dans le VIDAL®, version 1990, il est précisé notamment :

« (…) quelques cas de polymalformations et de dysmorphie faciale ont été rapportés. La réalité et la fréquence de ces effets ne sont pas clairement établies à l’heure actuelle. Cependant, sur la base d’une étude isolée, le valproate de sodium semble induire préférentiellement des anomalies de fermeture du tube neural : myéloméningocèle, spina bifida (…) malformations dont le diagnostic anténatal est possible. La fréquence de cet effet est de l’ordre de 1 pour cent (…) ».

Le 24 mai 2015, un rappel des risques et des notions à titre préventif diffusé au sein de l’établissement

Deux jours avant le point d’information du 26 mai 2015 de l’ANSM (agence nationale de sécurité du médicament) concernant le renforcement des conditions de prescription et de délivrance des médicaments à base de valproate et dérivés du fait des risques liés à leur utilisation pendant la grossesse, nous avons publié un article intitulé : « Grossesse et malformations congénitales présumées d’origine médicamenteuse : quelques notions à titre préventif. »

Cet article a été diffusé à l’ensemble des professionnels de santé du centre hospitalier de Cholet.

Une affaire de quoi ? de qui ?...

Cette « affaire DÉPAKINE® » me semble être, avant tout, une affaire de mésusage.

Une interrogation reste en suspens : ce mésusage aurait-il cessé depuis les nouvelles données publiées ?






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