BEXSERO® est le nom du premier vaccin, contre des
méningocoques B, qui a obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM)
européenne. Il contient quatre des antigènes de diverses souches de
méningocoque B : fHbp ; NadA ; NHBA ; Por A P1-4.
Vaccin BEXSERO® : quelques données
disponibles en 2014
En 2014, en France,
le Haut conseil de la santé publique (HCSP) recommande cette vaccination
notamment dans certains déficits immunitaires et en situation d’épidémie. Une large vaccination, systématique, de la
population est exclue car l’évaluation clinique de ce vaccin est limitée.
Le rapport bénéfice/risque de ce vaccin pourrait
justifier son utilisation en cas d’épidémie s’il y a concordance entre la
souche épidémique et les antigènes vaccinaux d’une part, et si une surveillance
rapprochée est réalisée comme dans le cadre d’une recherche clinique d'autre part. Les
infections invasives à méningocoque sont rares mais, elles peuvent s’avérer
graves voire mortelles ou pouvant être à l’origine de séquelles importantes ;
et elles ne sont que partiellement sensibles à l’antibiothérapie. Mais, le
profil des effets indésirables, tout comme la durée de la réponse immunitaire, n’est
pas bien connu. Ces effets indésirables regroupent notamment des effets locaux
fréquents tels que des érythèmes, des indurations, des douleurs ; une
fièvre ; des convulsions fébriles ; des maux de tête ; des malaises…
Mais, ses effets indésirables graves restent à évaluer.
En 2014, le syndrome de Kawasaki est identifié
comme l’un de ces effets indésirables rares mais graves. Ce syndrome se
manifeste par plusieurs symptômes (fièvre durant plusieurs jours,
desquamations, oedèmes, rash cutané, adénopathies, conjonctivite, problèmes
bucco-pharyngés…) parmi lesquels des complications
cardiaques. Six cas ont été
relevés après une vaccination contre le méningocoque B (et un cas après une
vaccination contre le méningocoque C
– ce vaccin devenu obligatoire en France depuis janvier 2018 -).
Quatre cas de « syndrome néphrotique » (effet indésirable au niveau des reins) au Québec : un « signal préoccupant » selon
l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ)
En mai 2014, les
jeunes de 2 mois à 20 ans de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean ont été
vaccinés avec ce nouveau vaccin.
Selon l’Institut
national de santé publique du Québec (INSPQ), trois cas de syndrome
néphrotique ont été observés « six
mois suivant la deuxième dose de vaccin ». Cet effet indésirable est un problème au niveau des reins : perte de protéines dans
les urines, baisse des protéines plasmatiques (dans le sang), œdème généralisé.
L’incidence de cet effet indésirable est jugée « élevée »
(60 par 100 000 personnes-années) par rapport à celle attendue (1 à 4 par
100 000 personnes-années). Ce constat a motivé la mise en place d’une enquête épidémiologique dans la mesure
où une autre campagne de vaccination, chez des enfants âgés de 2 mois à 4 ans,
était en cours dans une autre région. Cette enquête identifie alors un quatrième cas de syndrome néphrotique,
toujours dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Ces quatre cas,
relevés 13 mois suivant le début de la campagne de vaccination, sont « confirmés » et concernent
des enfants âgés de « 2 à 5 ans ». Aucun
de ces enfants « n’avait d’antécédents de maladie rénale ».
Un de ces patients a présenté des récidives malgré un traitement par des corticostéroïdes ; et « doit prendre un traitement d’immunosuppresseurs ».
L’INSPQ conclut notamment ainsi : « (…) Bien qu’il n’existe pas pour le
moment de mécanisme connu qui pourrait fournir une plausibilité biologique à un
lien causal, l’identification de quatre cas est un signal préoccupant compte tenu de la rareté du SN [syndrome
néphrotique]. » Il ajoute que « pour confirmer ou infirmer si ces cas
sont réellement dus au 4CMenB [BEXSERO®],
il faudra voir si cette association se manifeste aussi dans d’autres pays ou territoires où ce
vaccin est administrés aux jeunes de 1 à 9 ans. (…) ». Enfin, il
précise que « lorsqu’il y a une
forte incidence ou lors d’éclosions de méningocoque de sérogroupe B, le taux de
mortalité et les séquelles de ces infections sont tellement graves que
l’utilisation du 4CMenB [BEXSERO®]
continuerait d’être justifiée même si on confirmait qu’il est associé au SN [syndrome
néphrotique] ».
Nous relayons donc
cette alerte lancée, le 6 mars 2018, par
le Québec.