Comme annoncé, la cinquième réunion d’information
indépendante portant sur le thème « Connaître
le médicament : son aventure dans le corps humain » a eu lieu le
jeudi 30 janvier 2020 à 18h au centre hospitalier de Cholet.
Cette rencontre
avec le public a duré environ 3 heures.
Le présent compte rendu est l’occasion de
renouveler nos remerciements aux personnes présentes, et en particulier celles
venant du Nord de la France et de la
région Bretagne. Lors des échanges
qui ont suivi cette conférence, nous avons également appris la présence, que
nous saluons également, d’une personne issue du monde de l’industrie pharmaceutique.
©CTIAP, centre hospitalier de Cholet
(Maine-et-Loire), 30 janvier 2020
Plusieurs points
ont été abordés. Ils indiquent notamment le chemin d’un médicament : de
ses origines jusqu’à son élimination par le corps humain ; et même jusqu’aux
précautions à prendre pour la gestion des déchets et des excrétas (toxicité,
environnement). Nous pensons avoir fourni quelques éléments de compréhension qui,
désormais, pourraient permettre aux personnes présentes de lire les mentions légales
figurant, par exemple, dans un extrait de RCP (résumé des caractéristiques du
produit) et en particulier la rubrique intitulée « Pharmacocinétique » avec ses quatre phases : « Absorption », « Distribution », « Métabolisme », « Excrétion ». Mais, avant d’aborder
cette étape, nous avons expliqué des notions fondamentales : définition d’un
médicament, sa composition, son évaluation avant la commercialisation, sa surveillance après la mise sur le marché (pharmacovigilance), sa
fabrication industrielle, les bonnes pratiques de fabrication, sa présentation
sous différentes formes pharmaceutiques, la notion de médicament générique et
les principes d’une étude de bioéquivalence, le rôle des excipients, les
différentes voies d’administration, la notion de biodisponibilité, la notion de
marge thérapeutique, le polymorphisme génétique et les variations interindividuelles,
les principes des interactions (incompatibilités) entre les médicaments (et aussi entre
les médicaments et les aliments [Jus de pamplemousse, citron vert, orange amer
ou de Séville, etc.], entre les médicaments et les plantes [Millepertuis, etc.], entre
les médicaments et l’alcool, entre les médicaments et le tabac, etc.)… Les cas
particuliers des enfants, des personnes âgées, de la femme enceinte ont été
discutés.
Les conséquences en
matière de soins de ces notions, leur utilité, ainsi que plusieurs conseils
pratiques ont été dispensés.
Ces explications
ont été illustrées par des cas réels. Les personnes présentes ont ainsi compris,
par exemple, les raisons (techniques)
qui ont conduit aux effets indésirables
et aux décès évitables suivants
(exemples) :
Exemple 1
Une étude, réalisée
en 2016 par un centre régional de pharmacovigilance, a mis en évidence 78 grossesses non désirées
(inattendues) : conséquence d’une interaction médicamenteuse rendant
inefficace le traitement à visée contraceptive.
Exemple 2
Une femme de 40 ans
est admise aux urgences pour une faiblesse bilatérale des extrémités des
membres inférieurs. Depuis plus de 2 ans, elle est traitée par Simvastatine (ZOCOR® ou autre), un
médicament contre un excès de Cholestérol. Deux semaines avant l’arrivée aux
urgences, elle a pris l’habitude de consommer un pamplemousse frais entier par jour. Une Rhabdomyolyse (destruction des cellules musculaires) est
diagnostiquée. L’évolution a été favorable après l’arrêt du médicament.
Exemple 3
Un homme de 52 ans,
ayant reçu une greffe du foie, est traité par Tacrolimus (PROGRAF® ou autre). Alors
que son traitement est bien équilibré, soudainement, il devient nerveux, anxieux
avec des tremblements permanents, une vision trouble. En moins d’une semaine,
il ne peut plus travailler. Un surdosage
en Tacrolimus et une insuffisance rénale sont relevés. Dans la semaine qui
a précédé ce surdosage, ce patient avait consommé une grande quantité de marmelade d’agrumes (avec plus de 50%
de pamplemousse).
Exemple 4
Une patiente âgée a mâché une forme LP (libération prolongée) de Diltiazem. Rapidement, elle s’est
sentie étourdie, faible, somnolente. Son cœur se ralentit (bradycardie). Cette
forme LP est alors remplacée par une forme à libération immédiate (plus facile
à avaler). Mais, quelques temps plus tard, la forme LP est à nouveau prescrite
(par oubli de l’incident précédent). La patiente mâche à nouveau ce comprimé. Trois semaines plus tard, elle décède.
Exemple 5
Une patiente âgée
de 38 ans est hospitalisée en détresse respiratoire (œdème pulmonaire,
pneumonie). Son traitement comporte : Labétalol, Nifédipine LP, Hydralazine. Avant leur prise, ces
médicaments sont broyés (pour
faciliter leur administration). Une bradycardie (le cœur se ralentit) et un arrêt
cardiaque sont constatés. La patiente est réanimée.
Le lendemain, les comprimés de Labétalol (avec une dose diminuée) et de Nifédipine
LP sont broyés à nouveau. Une bradycardie sévère et une hypotension
artérielle sont diagnostiquées. La patiente décède.
N.B. : Cette rencontre
nous a aussi permis d’expliquer brièvement ce qu’est la pharmacie « galénique ». Elle vient du
nom de Claudius Galenus qui a vécu à Rome
au deuxième siècle de notre ère. Originaire de Pergame (Asie Mineure), il était
médecin et pharmacien. Il fut notamment médecin de Marc Aurèle et de ses
successeurs Commode et Septime Sévère (Empereurs romains). Seulement une partie
de ses travaux nous est parvenue. Son intérêt pour la formulation des
médicaments (la façon de les préparer) explique l’attachement de la pharmacie à
Galien. D’ailleurs, les pharmaciens lui
prêtent Serment.
Cette conférence
était interactive. Elle s’est terminée par la lecture de deux RCP : celui
de DOLIPRANE®500mg comprimé et de SOLUMEDROL®1g, poudre et solvant pour
solution injectable.
Rappel : notre déclaration de lien et de conflit d’intérêt.
Enfin, nous
rappelons que nos lecteurs peuvent proposer
des sujets pour les prochaines rencontres.