« Son
qualificatif de "haute autorité" n’est toujours pas justifié ». C’est ainsi que la revue indépendante Prescrire
conclut, dans son numéro de janvier 2018, son bilan d’évaluation des
guides élaborés par la haute autorité de santé (HAS).
La HAS est une autorité administrative
indépendante à caractère scientifique. Ses recommandations sont censées
correspondre aux données acquises de la science. C'est elle qui certifie les établissements de santé.
Le bilan de 10 années d’analyse est effectué par
la revue Prescrire. Il porte sur la période située entre avril 2007 et octobre
2017. Il concerne 110 documents. Au total, 7 guides sont jugés « intéressants » ; 21 « acceptables » ; 57 « inutiles » ; 23 « pas d’accord ». Près de 52% (57/110) de ces documents sont donc considérés comme n’étant « pas un support solide de soins de qualité. Et environ 21% (23/110) de
ces guides ont « des défauts majeurs
ou susceptibles de nuire à la qualité des soins ». En 2014, la revue a
même cessé d’analyser les guides relatifs aux affections de longues durées
(ALD) à cause de leur « manque de
fiabilité pour mieux soigner ».
La revue observe que la « HAS n’a pas tenu compte des nombreux liens d’intérêt avec des
firmes pharmaceutiques de plusieurs membres du groupe de travail ayant élaboré
la fiche de pratique clinique sur l’hypertension artérielle ». Parfois,
dans certains documents, il est relevé un « désaccord
sur l’analyse de la balance bénéfices-risques » et une « sous-estimation de l’importance des
effets indésirables ».
Ces écarts ne sont pas nouveaux. Ils ont été
repérés dès 2009. La revue estime que ces « défauts
récurrents dans l’élaboration des recommandations de la HAS sapent sa
crédibilité ».
Ce constat semble, pour le moins, inquiétant d’autant plus que ces
recommandations pourraient être opposables aux professionnels de santé depuis
un arrêt rendu, le 27 avril 2011, par le Conseil d’État (CE). Cette juridiction
était saisie par le FORMINDEP (association pour une formation médicale
indépendante) qui contestait une recommandation relative au traitement médicamenteux
du diabète de type 2 élaborée par la HAS. Dans cette décision, le CE a considéré
que cette recommandation avait été élaborée par la HAS en méconnaissance du
principe d’impartialité : dans le groupe de travail chargé de sa rédaction,
certains experts médicaux n’avaient pas déclaré leurs liens et conflits d’intérêts.
Les juges ont alors enjoint à la HAS d’abroger cette recommandation litigieuse.
Elle a été retirée quelques jours plus tard par la HAS.
La revue Prescrire soutient alors que cette « institution publique [la HAS] ne s’est pas réellement dotée de moyens
solides pour produire systématiquement des outils fiables, élaborés en toute
indépendance, pour aider les professionnels de santé à mieux soigner ».
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