« L’invisible virus utilise notamment notre
liberté fondamentale d’aller et venir. »…
Il y a encore à
peine deux jours, dans le cadre du nouveau Coronavirus (SARS-CoV-2 ;
COVID-19) une agence régionale de santé (ARS), relayée par la presse et par des
établissements de santé, affirmait notamment ceci : « Le virus ne circule pas
dans (…) » la région (X).
Comment cette ARS
est-elle arrivée à soutenir une telle affirmation ? A-t-elle testé tous
les habitants de cette région ?
En même temps, la même
presse relate des cas dans cette région.
En réalité, cette déclaration
adressée au public méconnaîtrait l’un des facteurs déterminants de la
propagation du virus : la proportion des porteurs asymptomatiques. Le portage du virus, voilà l’un
des nœuds du problème.
Les porteurs asymptomatiques : le
support et la garantie de la liberté d’aller et venir (de circulation) de
l’invisible agent pathogène (SARS-Cov-2)
Ces personnes
asymptomatiques portent le virus, le diffusent, tout en ne présentant aucun
symptôme. Les autorités ad hoc
ont avancé un chiffre : près de 80% de personnes pourraient être porteurs
asymptomatiques voire porteurs de peu de symptômes.
Depuis le début de
cette affaire, nous avons interrogé par écrit – mais en vain – en ces
termes :
« Ce nouveau Coronavirus soulève plusieurs
questions. Parmi ces questions figure celle-ci : quelle est la proportion
des porteurs asymptomatiques ?
La réponse à cette interrogation est un préalable à la suite du raisonnement et
à l’affirmation de telle ou telle donnée relatives notamment à la
morbi-mortalité… ».
Tant que cette
proportion des porteurs asymptomatiques n’est pas connue, de façon exhaustive, les chiffres de morbidité et de mortalité
(publiés ici ou là) sont à prendre avec
précaution. En général, ces données ne révèlent que les cas symptomatiques, graves notamment. À
dire vrai, il nous semble difficile de tester toute la population.
Jeudi 12 mars 2020 : une réponse
rationnelle du Président de la République
Hier soir (12 mars
2020), Le Président de la République (Monsieur Emmanuel MACRON) vient, enfin, analyser le problème dans sa
juste dimension et rappeler que la santé est le bien le plus précieux. Les
mesures annoncées répondent notamment à cette variable essentielle de
l’équation posée : elles visent à traiter ce facteur relatif aux porteurs
asymptomatiques. Il ne faut donc plus attendre la révélation
symptomatique d’un cas pour prendre les mesures adéquates : celles qui
permettent d’éviter tout rassemblement de personnes qui n’est pas vraiment indispensable
et impérieux. Parce que quand un cas se révèle dans un territoire donné, rien
n’empêche de penser que cette personne concernée (qui présente désormais des
symptômes) a déjà diffusé, autour d’elle, ce virus. Cet angle de réflexion
pourrait contredire, là encore, cet autre point de vue de ladite ARS : « Lorsqu’1
cas est confirmé, nous mettons en œuvre des réponses proportionnées à la mesure
du risque ». Trop tard… Désormais, depuis hier soir, un tel mode
de pensée ne pourrait donc plus prospérer.
Le discours du
Président de la République nous semble logique et pertinent.
Cependant, quelques
enseignements (non exhaustifs) mériteraient d’être constatés.
Les grippes saisonnières : autant
d’occasions manquées en termes d’éducation aux mesures barrières
En 2020, il est,
pour le moins, regrettable de constater qu’une population ne semble toujours pas
avoir acquis les gestes fondamentaux
d’hygiène qui permettent de limiter la transmission de tel ou tel agent
pathogène.
Pourtant, chaque
année, la grippe (notamment mais pas seulement : cf. les situations
générées par d’autres virus qui ont en particulier un tropisme respiratoire) génère près de 10 000 décès, rien qu’en France.
Chaque saison grippale aurait pu être un
moment d’information (claire, loyale et appropriée), de formation, de rappel de
ces gestes barrières essentiels. Il est déplorable de voir hier le
Président de la République expliquer au public comment et pourquoi le lavage des mains, notamment, est
important. Mais non, chaque année, les discours officiels se limitaient
à appeler la population à uniquement se vacciner tout en sachant que ce vaccin contre la
grippe n’est pas toujours complètement efficace (comme cela est soutenu par les
autorités ad hoc elles-mêmes dans
leurs propres écritures). Chaque année, l’éducation à la prévention aurait dû
tenir, par exemple, le discours suivant : il est conseillé de se
vacciner ; mais sachez que ce vaccin est un pari biologique (puisque son
efficacité réelle annuelle ne sera connue qu’a posteriori) ; il ne faut donc pas oublier d’associer à cette
vaccination lesdits gestes barrières fondamentaux. De mémoire, ce n’est
que très récemment (l’an dernier) que des messages dans ce sens ont été diffusés. Il ne faudrait donc pas s’étonner de l’ignorance, par la population,
du caractère primordial desdits gestes barrières : cette population se trouve donc démunie face à un nouveau virus ; puisque
cette population n’était pas préparée à affronter l’éventualité d’un nouvel
agent pathogène pour lequel nous ne disposons qu’aucun antidote éprouvé. Et
lorsqu’un patient vacciné développe des symptômes de la grippe, l’explication
pourrait être notamment : soit ce vaccin n’est pas efficace (du moins chez
cette personne), soit cette personne est en contact avec un autre microbe non identifié (différent de celui de la
grippe).
Les grippes saisonnières : autant
d’occasions manquées en termes de finalisation de la gestion des stocks de masques (chirurgicaux
et FFP2), de lunettes de protection, et de produits hydro-alcooliques
Le mépris de ces
gestes barrières pourrait aussi expliquer
la pénurie des masques (chirurgicaux et FFP2), des lunettes de protection et des produits
hydro-alcooliques.
Ce nouveau virus
révèle donc l’insuffisance des stocks et l’incapacité des fabricants à répondre,
rapidement et complètement, à une demande (soudaine, inhabituelle, et
concentrée dans le temps) de ces dispositifs. Pourtant, encore une fois, les
saisons grippales auraient dû permettre le maintien d’un stock de sécurité adéquat
de ces fournitures qui contribuent aux mesures barrières. Un stock qui est en
mesure de répondre aux besoins de toute la population.
La révélation, par le SARS-Cov-2, d’une
communication efficace des pouvoirs publics : une solution à étendre aux
victimes d’autres facteurs de risques (tabagisme, alcoolisme, circuit du
médicament, mauvaise hygiène de vie, infections nosocomiales, autres microbes,
accidents de la route)… ?
Nous pensons aussi
que l’Etat aurait trouvé, à cette
occasion, le moyen qui permet de sensibiliser, et convaincre, la population pour réduire la morbidité et la mortalité induites par d’autres
facteurs de risques. Cette solution se matérialise à travers la
communication quotidienne, détaillée, et en direct, du
nombre de personnes atteintes et du nombre de décès.
On pourrait,
peut-être, imaginer que cette communication (solution) soit ainsi étendue à d’autres
causes de morbi-mortalité :
- Le lundi (les victimes du tabagisme) ;
- le mardi (les victimes de
l’alcoolisme) ;
- le mercredi (les victimes du circuit du
médicament : environ 20 000
morts / an ; dont la moitié est évitable) ;
- le jeudi (les victimes d’une mauvaise
hygiène de vie : mauvaise alimentation, manque d’exercice physique, etc.) ;
- le vendredi (les victimes des infections
nosocomiales) ;
- le samedi (les victimes des autres microbes) ;
- le dimanche (les victimes des accidents de
la route) ;
- etc. (la semaine
suivante)… puis, on recommence…
Une telle
communication pourrait avoir un impact significatif en termes de Santé Publique
et à l’échelon individuel.
Prise de conscience du rôle vital des
professionnels de santé
Le nouvel agent
pathogène (SARS-CoV-2) le démontre : le public prend conscience non
seulement de l’importance des mesures barrières, mais également du rôle vital
des professionnels de santé qui exercent aussi bien en ville que dans les établissements
de santé, et en particulier au sein de l’hôpital
public.
Depuis de très
nombreuses années, l’hôpital public contemple son effritement. Ses équipes sont en souffrance eu égard à la maltraitance
déployée envers les soignants. Presque tout le monde, y compris la
population, est resté indifférent à ce délabrement malgré les nombreuses
alertes émises depuis au moins le début des années 2000.
Il y a lieu de
préciser aussi qu’il serait vain et
illusoire de vouloir, profiter de cette occasion, pour nous faire croire que l’actuel
Président de la République - et son gouvernement - serait responsable de toute
cette situation. Par ailleurs, l’état de l’hôpital public ne saurait être
justifié par le seul manque de
moyens.
Respectons donc les mesures annoncées par
le Président de la République
L’invisible virus utilise notamment notre liberté
fondamentale d’aller et venir. Limitons donc notre liberté de
circulation à ce qui est vraiment indispensable. Une limitation, temporaire,
qui pourrait contribuer à barrer la route à ce virus ; et à sauver des
vies. Car sans la santé, il n’y aurait plus de liberté.
Soyons prudents, mais restons optimistes
(pas de panique)
Enfin, espérons que
l’amnésie ne sera pas de retour dès la maîtrise de ce nouvel agent pathogène.
Car, peut-être, le
temps pourrait nous démontrer que le SARS-CoV-2 n’aurait, finalement, pas été
beaucoup plus agressif que d’autres agents infectieux. En tout cas, nous l’espérons.
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