lundi 22 octobre 2018

ALERTE. Vaccin INFLUVAC TÉTRA® (prévention de la grippe) : risque d’erreurs de prescription, de délivrance et d’administration chez les enfants


Selon les mentions légales (résumé des caractéristiques du produit (RCP)), le vaccin INFLUVAC TÉTRA® est indiqué dans la « prévention de la grippe, en particulier chez les sujets qui présentent un risque élevé de complications associées ». Ce vaccin est indiqué « chez l’adulte (18 ans et plus) ».

Concernant la « population pédiatrique », ledit RCP (mentions légales) indique, à propos des « enfants et adolescents » notamment ceci : « la sécurité et l’efficacité d’INFLUVAC TÉTRA® chez les enfants n’ont pas été établies ». Ce vaccin n'est donc pas indiqué dans cette population selon l'autorisation de mise sur le marché (AMM).

Or, il semblerait que depuis quelques jours, plusieurs signalements en pharmacovigilance auraient notifié des erreurs d’administration de ce vaccin chez les enfants.

Il y a lieu de rappeler l’importance de déclarer notamment ces erreurs, et tout effet indésirable, à la pharmacovigilance.








mercredi 17 octobre 2018

Contraception hormonale : risques de « dépressions » et de « suicides »


En 2017, une étude danoise a été réalisée sur des données disponibles dans plusieurs registres (de prescriptions, de psychiatrie, de décès, de tentatives de suicide) couvrant une période se situant entre 1996 et 2013. Elle a concerné toutes les femmes qui étaient âgées d’au moins 15 ans à cette période. Ces femmes n’avaient aucun antécédent psychiatrique. Au total, ce sont près de 500 000 femmes qui ont été suivies sur une durée moyenne de 8,3 années.

Un risque 3 fois plus élevé de « suicide » et un risque 2 fois plus élevé de « tentative de suicide » sous contraception hormonale

Cette étude (Skovlund CW et al. « Association of hormonal contraception with suicide attempts and suicides » ; Am J Psychiatry 2018 ; 175(4) : 336-342) a alors détecté environ 71  suicides et 7 000 tentatives de suicide. Selon les auteurs, le risque de « suicide » était environ 3 fois plus élevé et le risque de « tentative de suicide » était environ 2 fois plus élevé chez les femmes utilisant une contraception hormonale orale ou autre (estroprogestative ou progestative) par rapport aux femmes qui n’ont jamais pris de tels produits.

Cette même équipe danoise avait déjà suggéré un lien entre cette contraception hormonale et « dépression » (Skovlund CW et al. « Association of hormonal contraception with depression » ; JAMA Psychiatry 2016 ; 175(4) : 336-342).

Hier, le 16 octobre 2018, sur son site internet, l’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) publie un point d’information intitulé « Contraceptifs hormonaux et risques suicidaires : signal de sécurité et renforcement de l’information ».

Modification de l’autorisation de mise sur le marché (AMM) recommandée : l’ajout d’une « mise en garde spéciale » destinée aux professionnels de santé et aux patients

En effet, dans son point d’information en date du 16 octobre 2018, l’ANSM fait référence à ces deux études danoises en considérant que « les contraceptifs hormonaux pourraient également être associés à un risque accru de suicides et de tentatives de suicide. Cette étude était le prolongement d’une étude de la même équipe danoise, publiée il y a deux ans, qui confirmait le risque connu de dépression lié aux contraceptifs hormonaux ».

L’ANSM informe que lors de sa réunion tenue début octobre 2018, le comité pour l’évaluation des risques en matière de pharmacovigilance (PRAC) de l’agence européenne des médicaments (EMA) a considéré « que l’ensemble des connaissances actuelles et leurs limites méthodologiques ne permettent pas d’établir clairement un lien de causalité entre l’augmentation rapportée de ces risques suicidaires et l’utilisation de contraceptifs hormonaux ». Mais, ce comité a « recommandé que les Autorisations de Mise sur le Marché soient mises à jour afin de refléter ces informations ».

Pour les produits concernés, il a été recommandé que cette mise à jour soit faite par l’ajout d’une « mise en garde spéciale » au niveau du Résumé des Caractéristiques du Produit (RCP ; version VIDAL® notamment) et au niveau de la notice.








jeudi 11 octobre 2018

INEXIUM®, MOPRAL®, ZOLTUM®, MOPRALPRO®, LANZOR®, OGAST®, OGASTORO®, EUPANTOL®, INIPOMP®, IPRAALOX®, PARIET®… : risque d’augmentation de la mortalité en cas d’utilisation prolongée


Les médicaments dits « inhibiteurs de la pompe à protons » (IPP) sont couramment utilisés dans les ulcères gastroduodénaux, les symptômes évoquant un reflux gastro-oesophagien, les oesophagites.

En France, ce sont des millions de patients qui sont exposés à ces médicaments IPP. Ces médicaments sont notamment les suivants :

-     Esoméprazole : INEXIUM®, ou autre ;
-     Lanzoprazole : LANZOR®, OGAST®, OGASTORO®, ou autre ;
-     Oméprazole : MOPRAL®, ZOLTUM®, MOPRALPRO®, ou autre ;
-     Pantoprazole : EUPANTOL®, INIPOMP®, IPRAALOX®, ou autre ;
-     Rabéprazole : PARIET®, ou autre.

Lorsqu’ils sont utilisés sur une courte durée, ces médicaments exposent à peu d’effets indésirables graves.

Un arrêt du traitement difficile

Mais, l’arrêt de ces médicaments semble difficile à cause d’un effet « rebond » de l’acidité générant des brûlures digestives. Cette augmentation de l’acidité à l’arrêt du traitement crée une situation de sevrage. Cette dépendance incite à poursuivre l’utilisation de ces médicaments.

Un risque d’effets indésirables parfois graves, voire mortels, lors d’une utilisation prolongée

Or, selon des études concordantes, une utilisation à long terme de ces médicaments expose à une augmentation, statistiquement significative, du risque de mortalité. Cette prise chronique expose les patients à plusieurs effets indésirables parfois graves tels que :

-     des infections bactériennes : digestives, des pneumopathies, des listérioses ;
-     des fractures osseuses : de la hanche, de vertèbres, du poignet ;
-     des troubles musculaires : myalgies, polymyosites, rhabdomyolyses ;
-     des arthralgies ;
-     des anémies ;
-     des hyponatrémies (baisse du sodium dans le sang) ;
- des hypomagnésémies (baisse du magnésium dans le sang) avec des symptômes : convulsions, troubles du rythme cardiaque, tétanies, vomissements, troubles psychiques ;
-     des hypocalcémies (baisse du calcium dans le sang) ;
-     des hypokaliémies (baisse du potassium dans le sang) ;
-     des néphrites interstitielles (problèmes au niveau des reins) ;
-     des atteintes hépatiques, hématologiques, cutanées ;
-  Infarctus du myocarde et autres troubles cardio-vacsulaires, des tumeurs gastro-intestinales : un doute persiste car les études sont contradictoires ;
-     etc. : troubles neuropsychiques (insomnies, agitations, confusions, dépressions, agressivités, hallucinations), vertiges, troubles du goût, gynécomasties, hypersudations...

Dans son numéro d’octobre 2018, la revue Prescrire fait état notamment d’une étude ayant suivi environ 350 000 patients aux États-Unis d’Amérique pendant 5,7 ans. Cette étude, publiée en 2017, montre une augmentation de 25% de la mortalité chez les patients traités par ces médicaments (par rapport aux patients sous antihistaminiques H2 - qui sont d’autres médicaments utilisés dans ces situations -). Le risque « est apparu d’autant plus grand que le traitement a duré plus de un mois ». Toutefois, les limites de cette étude ne permettent pas d’établir, avec certitude, un lien de causalité. Mais, cette revue rappelle que d’autres études épidémiologiques ont eu « des résultats similaires ».

En 2018, selon l’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) :

-     environ 16 millions de patients ont eu au moins un remboursement d’IPP en 2015 par l’Assurance maladie (dont la moitié avait déjà eu au moins un remboursement d’IPP en 2014) ;
-     chez près de 300 000 patients (dont environ 160 000 âgés de plus de 65 ans), la durée de traitement remboursé a dépassé 6 mois ;
-     pour environ 3,7 millions de patients, la prescription d’IPP accompagnait celle d’anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS).

Ces données soulèvent la question du rapport bénéfice/risque de ces médicaments dans certaines situations : notamment celles instaurant un traitement chronique d’entretien ou dans un but préventif par un IPP.

Conclusion

L’utilisation de ces médicaments ne doit pas être banalisée.

Les patients concernés par l’un de ces médicaments doivent être informés de ces effets indésirables graves et de ce risque d’augmentation de la mortalité en cas d’utilisation prolongée de ces médicaments.

Les patients sont invités à en discuter avec leurs médecins et pharmaciens. L’arrêt de ces IPP doit être fait avec prudence. En cas de nécessité, d’autres médicaments antiacides peuvent être proposés.

Il y a lieu de rappeler que le patient ne doit pas arrêter un traitement sans l’accord de son médecin.