samedi 21 septembre 2019

Procès « MÉDIATOR® » (benfluorex) : le laboratoire Servier n’aurait trompé que les médecins et pharmaciens qui auraient accepté d’être trompés


À deux jours de l’ouverture du procès prévu dans l’« affaire MÉDIATOR® » (benfluorex), et si l’on croit la presse, certains affirment que le laboratoire Servier les a trompés.
Il y a donc lieu de rappeler quelques faits que nous avons déjà soulignés dans nos précédentes écritures.
À titre liminaire, nos lecteurs peuvent consulter notre déclaration des liens et conflits d’intérêts disponible sur ce même site.
Avant de désigner, de façon constante, comme responsable de « tous les maux des patients » uniquement et seulement les laboratoires pharmaceutiques, les autorités sanitaires et le médicament, d’accuser un tiers, il faudrait d’abord que les prescripteurs et les pharmaciens, les deux principaux acteurs du circuit du médicament, s’interrogent également sur leurs propres responsabilités. Dans un « crime », accuse-t-on uniquement le « couteau » qui a servi et le « fournisseur » qui a commercialisé cet « outil » ?
En notre qualité de médecins et pharmaciens, adopter des raisonnements du type « on nous a trompés » reviendrait même à signer, par l’absurde, et de façon consciente ou non, notre propre inaptitude à analyser et à interpréter telle ou telle donnée et source accessibles. En effet, cela reviendrait à admettre notre propre négligence, imprudence voire incompétence. Alors qu’on doit être capable de distinguer le vrai du faux. Nous avons été formés pour le faire.
Un simple regard vers la structure chimique du benfluorex (MÉDIATOR®) livre un premier indice : son squelette nous dit qu’il s’agit d’une amphétamine. Une amphétamine comme la fenfluramine (PONDÉRAL®) et la dexfenfluramine (ISOMÉRIDE®).
Un deuxième indice jaillit lors de l’analyse pharmacocinétique (c’est-à-dire le devenir du médicament dans l’organisme) : ces trois médicaments, ces trois substances cousines, une fois administrées dans le corps humain, donnent naissance à un même produit dérivé (un métabolite) : la norfenfluramine. C’est cette dernière substance qui est à l’origine des ennuis des patients. Sa toxicité et son lien avec les valvulopathies (troubles des valves du cœur) et l’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) ont été progressivement établis depuis 1994.
Un troisième indice se révèle dans la lecture du suffixe « orex » (du benfluorex) qui classe le MÉDIATOR® parmi les anorexigènes selon la nomenclature de l’OMS (organisation mondiale de la santé). En clair, le MÉDIATOR® est un coupe-faim amphétaminique.
De nombreux médecins et pharmaciens, respectant notamment leur obligation de formation continue, l’ont écarté de leurs listes depuis bien longtemps. La suite des faits est accessible via  notre article intitulé : « Cinéma, film et débat. « La fille de Brest » : résumé de l’intervention du 9 janvier 2018 ».
Nous ne pensons donc pas nous tromper beaucoup en disant que c’est le médecin et le pharmacien qui, finalement, permettent d’établir la rencontre physique entre le patient et le médicament. Certes, les laboratoires pharmaceutiques nous mettent à disposition des médicaments. Certes, les autorités sanitaires autorisent la mise sur le marché de ces produits. Mais, si le médicament n’est ni prescrit, ni dispensé, il ne servira plus à rien. Il sera inoffensif. En somme, sans le consentement de ces deux professionnels de la santé, un médicament, quel qu’il soit, ne pourrait nous nuire.
C’est la réflexion que nous avons proposée notamment dans notre premier livre sur le médicament qui avait été relayé par la presse professionnelle et grand public : « Médicament : recadrage. Sans ton pharmacien, t’es mort ! » (Livre paru en septembre 2013).
Autant d’études pour comprendre le médicament sous ses différentes facettes… et on ose affirmer : « Nous avons été trompés »








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