À deux jours de l’ouverture
du procès prévu dans l’« affaire
MÉDIATOR® » (benfluorex), et si l’on croit la presse, certains
affirment que le laboratoire Servier les a trompés.
Il y a donc lieu de
rappeler quelques faits que nous avons déjà soulignés dans nos précédentes
écritures.
À titre liminaire,
nos lecteurs peuvent consulter notre déclaration
des liens et conflits d’intérêts disponible sur ce même site.
Avant de désigner,
de façon constante, comme responsable de « tous les maux des
patients » uniquement et seulement les laboratoires pharmaceutiques, les
autorités sanitaires et le médicament, d’accuser un tiers, il faudrait d’abord
que les prescripteurs et les pharmaciens, les deux principaux acteurs du
circuit du médicament, s’interrogent également sur leurs propres
responsabilités. Dans un « crime », accuse-t-on uniquement le
« couteau » qui a servi et le « fournisseur » qui a
commercialisé cet « outil » ?
En notre qualité de
médecins et pharmaciens, adopter des raisonnements du type « on nous a
trompés » reviendrait même à signer, par l’absurde, et de façon consciente
ou non, notre propre inaptitude à analyser et à interpréter telle ou telle
donnée et source accessibles. En effet, cela reviendrait à admettre notre
propre négligence, imprudence voire incompétence. Alors qu’on doit être capable
de distinguer le vrai du faux. Nous avons été formés pour le faire.
Un simple regard
vers la structure chimique du benfluorex
(MÉDIATOR®) livre un premier indice : son squelette nous dit qu’il
s’agit d’une amphétamine. Une amphétamine comme la fenfluramine (PONDÉRAL®) et la
dexfenfluramine (ISOMÉRIDE®).
Un deuxième indice
jaillit lors de l’analyse pharmacocinétique (c’est-à-dire le devenir du
médicament dans l’organisme) : ces trois médicaments, ces trois substances
cousines, une fois administrées dans le corps humain, donnent naissance à un même produit dérivé (un
métabolite) : la norfenfluramine.
C’est cette dernière substance qui est à
l’origine des ennuis des patients. Sa toxicité et son lien avec les
valvulopathies (troubles des valves du cœur) et l’hypertension artérielle
pulmonaire (HTAP) ont été progressivement établis depuis 1994.
Un troisième indice
se révèle dans la lecture du suffixe « orex »
(du benfluorex) qui classe le MÉDIATOR® parmi les anorexigènes selon la nomenclature de l’OMS (organisation mondiale
de la santé). En clair, le MÉDIATOR®
est un coupe-faim amphétaminique.
De nombreux
médecins et pharmaciens, respectant notamment leur obligation de formation
continue, l’ont écarté de leurs listes depuis bien longtemps. La suite des
faits est accessible via notre article
intitulé : « Cinéma, film et
débat. « La fille de Brest » : résumé de l’intervention du 9
janvier 2018 ».
Nous ne pensons
donc pas nous tromper beaucoup en disant que c’est le médecin et le pharmacien
qui, finalement, permettent d’établir la rencontre physique entre le patient et
le médicament. Certes, les laboratoires pharmaceutiques nous mettent à
disposition des médicaments. Certes, les autorités sanitaires autorisent la
mise sur le marché de ces produits. Mais, si le médicament n’est ni prescrit,
ni dispensé, il ne servira plus à rien. Il sera inoffensif. En somme, sans le
consentement de ces deux professionnels de la santé, un médicament, quel qu’il
soit, ne pourrait nous nuire.
C’est la réflexion
que nous avons proposée notamment dans notre premier livre sur le médicament
qui avait été relayé par la presse professionnelle et grand public : « Médicament : recadrage. Sans ton
pharmacien, t’es mort ! » (Livre paru en septembre 2013).
Autant d’études
pour comprendre le médicament sous ses différentes facettes… et on ose
affirmer : « Nous avons été
trompés »…
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