En France, les
patients et les professionnels de santé sont de plus en plus confrontés à des
ruptures de stock de médicaments. Ces pénuries peuvent provoquer des effets indésirables. Récemment, ce sont les corticoïdes,
médicaments essentiels, qui sont concernés par des tensions
d’approvisionnement.
Durant son stage au
sein du service de pharmacovigilance/coordination des vigilances
sanitaires/CTIAP (centre territorial d’information indépendante et d’avis
pharmaceutiques) du centre hospitalier de Cholet, Monsieur Sullivan DEHOUX, étudiant en quatrième année à la faculté de
pharmacie (filière Internat) a été chargé notamment de rédiger un article sur ce
sujet. Cet article vous est proposé (ci-dessous) :
« Une
nouvelle pénurie à laquelle l’inflammation tire son profit
La France doit
actuellement faire face à des difficultés d’approvisionnement rencontrées par des
établissements de santé et des pharmacies d’officines, d’un traitement
essentiel pour de nombreuses spécialités médicales : la corticothérapie
(traitement par corticoïde).
Les corticoïdes constituent une
très vaste famille de molécules dérivées du cortisol, la molécule physiologique
de notre organisme. Ces molécules ont révélé leur intérêt depuis de très
nombreuses années entraînant une révolution dans la prise en charge des maladies inflammatoires et auto-immunes notamment. Ils sont
ainsi indiqués dans de multiples domaines et pathologies.
L’arrêt d’une corticothérapie doit se faire
progressivement.
Un arrêt brutal risque d’avoir pour conséquence un rebond de la pathologie
traitée et une insuffisance surrénalienne aiguë. En effet, les surrénales sont
des glandes responsables de la synthèse physiologique du cortisol. Cependant lorsqu’un
patient est traité par un dérivé du cortisol (les médicaments à base de corticoïdes),
ces glandes vont diminuer et adapter leur synthèse habituelle. Un arrêt trop
rapide d’un traitement sous corticoïde pris au long cours pourrait donc avoir pour
conséquence : un défaut d’adaptation des glandes, associé à un défaut de
production de cortisol, et donc un manque en cortisol. Une telle situation peut
s’avérer dangereuse pour les patients concernés.
En France, les
patients et professionnels de santé doivent actuellement faire face à un
problème majeur. En effet, et par
exemple, une publication de l’ANSM (agence nationale de sécurité du médicament)
du 7 mai 2019 annonce des « difficultés d’approvisionnement »
de spécialités à base de prednisone (CORTANCYL® comprimés sécables et ses
génériques) et de prednisolone (SOLUPRED® comprimés effervescents et comprimés
orodispersibles et ses génériques). L’ANSM a publié plusieurs autres points
d’information en date du 14 mai 2019, 24 mai 2019 et 12 juin 2019. Les professionnels de santé, tels que les médecins et
pharmaciens, restent cependant dans l’attente et dans la difficulté de pouvoir
répondre aux besoins de l’ensemble de leurs patients. Dès 2017, Le Quotidien du
Médecin relatait l’alerte des rhumatologues sur une « pénurie de corticoïdes injectables due à l’arrêt de production
de l’ALTIM®[Cortivazol] » ; le syndicat national des médecins
rhumatologues précisant : « Actuellement,
nous sommes réduits à l’utilisation d’alternatives thérapeutiques moins
efficaces, parfois plus risquées, toujours plus coûteuses. Nous sommes parfois obligés de
revoir les patients à distance de la consultation qui aurait pu faire l’objet
de l’infiltration, ce qui augmente encore nos délais de rendez-vous et laisse
les patients souffrir plus longtemps ». En 2019, ce syndicat alerte, à nouveau, suite au risque de pénurie
menaçant d’autres médicaments à base de corticoïdes. »
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