Les médicaments
dits « inhibiteurs de la pompe à protons » (IPP) sont couramment utilisés dans les ulcères gastroduodénaux, les
symptômes évoquant un reflux gastro-oesophagien, les oesophagites.
En France, ce sont
des millions de patients qui sont
exposés à ces médicaments IPP. Ces médicaments sont notamment les
suivants :
- Esoméprazole : INEXIUM®, ou
autre ;
- Lanzoprazole : LANZOR®,
OGAST®, OGASTORO®, ou autre ;
- Oméprazole : MOPRAL®, ZOLTUM®, MOPRALPRO®,
ou autre ;
- Pantoprazole : EUPANTOL®, INIPOMP®,
IPRAALOX®, ou autre ;
- Rabéprazole : PARIET®, ou autre.
Lorsqu’ils sont
utilisés sur une courte durée, ces médicaments exposent à peu d’effets
indésirables graves.
Un arrêt du traitement difficile
Mais, l’arrêt
de ces médicaments semble difficile à cause d’un effet
« rebond » de l’acidité générant des brûlures digestives. Cette
augmentation de l’acidité à l’arrêt du traitement crée une situation de
sevrage. Cette dépendance incite à poursuivre l’utilisation de ces médicaments.
Un risque d’effets indésirables parfois graves, voire mortels, lors d’une utilisation prolongée
Or, selon des
études concordantes, une utilisation à long
terme de ces médicaments expose à une augmentation, statistiquement
significative, du risque de mortalité.
Cette prise chronique expose les patients à plusieurs effets indésirables
parfois graves tels que :
- des infections
bactériennes : digestives, des pneumopathies, des listérioses ;
- des fractures
osseuses : de la hanche, de vertèbres, du poignet ;
- des troubles
musculaires : myalgies, polymyosites, rhabdomyolyses ;
- des
arthralgies ;
- des anémies ;
- des hyponatrémies (baisse
du sodium dans le sang) ;
- des hypomagnésémies
(baisse du magnésium dans le sang) avec des symptômes : convulsions,
troubles du rythme cardiaque, tétanies, vomissements, troubles
psychiques ;
- des
hypocalcémies (baisse du calcium dans le sang) ;
- des hypokaliémies
(baisse du potassium dans le sang) ;
- des néphrites
interstitielles (problèmes au niveau des reins) ;
- des atteintes
hépatiques, hématologiques, cutanées ;
- Infarctus du
myocarde et autres troubles cardio-vacsulaires, des tumeurs
gastro-intestinales : un doute persiste car les études sont contradictoires ;
- etc. :
troubles neuropsychiques (insomnies, agitations, confusions, dépressions,
agressivités, hallucinations), vertiges, troubles du goût, gynécomasties,
hypersudations...
Dans son numéro
d’octobre 2018, la revue Prescrire fait état notamment d’une étude ayant suivi environ
350 000 patients aux États-Unis d’Amérique pendant 5,7 ans. Cette étude,
publiée en 2017, montre une augmentation de 25% de la mortalité chez les patients traités par ces médicaments
(par rapport aux patients sous antihistaminiques H2 - qui sont d’autres
médicaments utilisés dans ces situations -). Le risque « est apparu d’autant plus grand que le traitement a duré plus de un mois ». Toutefois, les
limites de cette étude ne permettent pas d’établir, avec certitude, un lien de
causalité. Mais, cette revue rappelle que d’autres études épidémiologiques ont
eu « des résultats similaires ».
En 2018, selon l’agence
nationale de sécurité du médicament (ANSM) :
- environ 16 millions de patients ont eu au
moins un remboursement d’IPP en 2015 par l’Assurance maladie (dont la moitié
avait déjà eu au moins un remboursement d’IPP en 2014) ;
- chez près de 300 000 patients (dont environ
160 000 âgés de plus de 65 ans), la durée
de traitement remboursé a dépassé 6
mois ;
- pour environ 3,7 millions de patients, la
prescription d’IPP accompagnait
celle d’anti-inflammatoire non
stéroïdien (AINS).
Ces données
soulèvent la question du rapport
bénéfice/risque de ces médicaments dans certaines situations : notamment celles instaurant un
traitement chronique d’entretien ou dans un but préventif par un IPP.
Conclusion
L’utilisation de
ces médicaments ne doit pas être banalisée.
Les patients
concernés par l’un de ces médicaments doivent être informés de ces effets indésirables graves et de ce risque d’augmentation de la mortalité en cas
d’utilisation prolongée de ces médicaments.
Les patients sont
invités à en discuter avec leurs
médecins et pharmaciens. L’arrêt de ces IPP doit être fait avec prudence. En
cas de nécessité, d’autres médicaments antiacides peuvent être proposés.
Il y a lieu de
rappeler que le patient ne doit pas arrêter un traitement sans l’accord
de son médecin.
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