jeudi 11 octobre 2018

INEXIUM®, MOPRAL®, ZOLTUM®, MOPRALPRO®, LANZOR®, OGAST®, OGASTORO®, EUPANTOL®, INIPOMP®, IPRAALOX®, PARIET®… : risque d’augmentation de la mortalité en cas d’utilisation prolongée


Les médicaments dits « inhibiteurs de la pompe à protons » (IPP) sont couramment utilisés dans les ulcères gastroduodénaux, les symptômes évoquant un reflux gastro-oesophagien, les oesophagites.

En France, ce sont des millions de patients qui sont exposés à ces médicaments IPP. Ces médicaments sont notamment les suivants :

-     Esoméprazole : INEXIUM®, ou autre ;
-     Lanzoprazole : LANZOR®, OGAST®, OGASTORO®, ou autre ;
-     Oméprazole : MOPRAL®, ZOLTUM®, MOPRALPRO®, ou autre ;
-     Pantoprazole : EUPANTOL®, INIPOMP®, IPRAALOX®, ou autre ;
-     Rabéprazole : PARIET®, ou autre.

Lorsqu’ils sont utilisés sur une courte durée, ces médicaments exposent à peu d’effets indésirables graves.

Un arrêt du traitement difficile

Mais, l’arrêt de ces médicaments semble difficile à cause d’un effet « rebond » de l’acidité générant des brûlures digestives. Cette augmentation de l’acidité à l’arrêt du traitement crée une situation de sevrage. Cette dépendance incite à poursuivre l’utilisation de ces médicaments.

Un risque d’effets indésirables parfois graves, voire mortels, lors d’une utilisation prolongée

Or, selon des études concordantes, une utilisation à long terme de ces médicaments expose à une augmentation, statistiquement significative, du risque de mortalité. Cette prise chronique expose les patients à plusieurs effets indésirables parfois graves tels que :

-     des infections bactériennes : digestives, des pneumopathies, des listérioses ;
-     des fractures osseuses : de la hanche, de vertèbres, du poignet ;
-     des troubles musculaires : myalgies, polymyosites, rhabdomyolyses ;
-     des arthralgies ;
-     des anémies ;
-     des hyponatrémies (baisse du sodium dans le sang) ;
- des hypomagnésémies (baisse du magnésium dans le sang) avec des symptômes : convulsions, troubles du rythme cardiaque, tétanies, vomissements, troubles psychiques ;
-     des hypocalcémies (baisse du calcium dans le sang) ;
-     des hypokaliémies (baisse du potassium dans le sang) ;
-     des néphrites interstitielles (problèmes au niveau des reins) ;
-     des atteintes hépatiques, hématologiques, cutanées ;
-  Infarctus du myocarde et autres troubles cardio-vacsulaires, des tumeurs gastro-intestinales : un doute persiste car les études sont contradictoires ;
-     etc. : troubles neuropsychiques (insomnies, agitations, confusions, dépressions, agressivités, hallucinations), vertiges, troubles du goût, gynécomasties, hypersudations...

Dans son numéro d’octobre 2018, la revue Prescrire fait état notamment d’une étude ayant suivi environ 350 000 patients aux États-Unis d’Amérique pendant 5,7 ans. Cette étude, publiée en 2017, montre une augmentation de 25% de la mortalité chez les patients traités par ces médicaments (par rapport aux patients sous antihistaminiques H2 - qui sont d’autres médicaments utilisés dans ces situations -). Le risque « est apparu d’autant plus grand que le traitement a duré plus de un mois ». Toutefois, les limites de cette étude ne permettent pas d’établir, avec certitude, un lien de causalité. Mais, cette revue rappelle que d’autres études épidémiologiques ont eu « des résultats similaires ».

En 2018, selon l’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) :

-     environ 16 millions de patients ont eu au moins un remboursement d’IPP en 2015 par l’Assurance maladie (dont la moitié avait déjà eu au moins un remboursement d’IPP en 2014) ;
-     chez près de 300 000 patients (dont environ 160 000 âgés de plus de 65 ans), la durée de traitement remboursé a dépassé 6 mois ;
-     pour environ 3,7 millions de patients, la prescription d’IPP accompagnait celle d’anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS).

Ces données soulèvent la question du rapport bénéfice/risque de ces médicaments dans certaines situations : notamment celles instaurant un traitement chronique d’entretien ou dans un but préventif par un IPP.

Conclusion

L’utilisation de ces médicaments ne doit pas être banalisée.

Les patients concernés par l’un de ces médicaments doivent être informés de ces effets indésirables graves et de ce risque d’augmentation de la mortalité en cas d’utilisation prolongée de ces médicaments.

Les patients sont invités à en discuter avec leurs médecins et pharmaciens. L’arrêt de ces IPP doit être fait avec prudence. En cas de nécessité, d’autres médicaments antiacides peuvent être proposés.

Il y a lieu de rappeler que le patient ne doit pas arrêter un traitement sans l’accord de son médecin.








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