mercredi 17 octobre 2018

Contraception hormonale : risques de « dépressions » et de « suicides »


En 2017, une étude danoise a été réalisée sur des données disponibles dans plusieurs registres (de prescriptions, de psychiatrie, de décès, de tentatives de suicide) couvrant une période se situant entre 1996 et 2013. Elle a concerné toutes les femmes qui étaient âgées d’au moins 15 ans à cette période. Ces femmes n’avaient aucun antécédent psychiatrique. Au total, ce sont près de 500 000 femmes qui ont été suivies sur une durée moyenne de 8,3 années.

Un risque 3 fois plus élevé de « suicide » et un risque 2 fois plus élevé de « tentative de suicide » sous contraception hormonale

Cette étude (Skovlund CW et al. « Association of hormonal contraception with suicide attempts and suicides » ; Am J Psychiatry 2018 ; 175(4) : 336-342) a alors détecté environ 71  suicides et 7 000 tentatives de suicide. Selon les auteurs, le risque de « suicide » était environ 3 fois plus élevé et le risque de « tentative de suicide » était environ 2 fois plus élevé chez les femmes utilisant une contraception hormonale orale ou autre (estroprogestative ou progestative) par rapport aux femmes qui n’ont jamais pris de tels produits.

Cette même équipe danoise avait déjà suggéré un lien entre cette contraception hormonale et « dépression » (Skovlund CW et al. « Association of hormonal contraception with depression » ; JAMA Psychiatry 2016 ; 175(4) : 336-342).

Hier, le 16 octobre 2018, sur son site internet, l’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) publie un point d’information intitulé « Contraceptifs hormonaux et risques suicidaires : signal de sécurité et renforcement de l’information ».

Modification de l’autorisation de mise sur le marché (AMM) recommandée : l’ajout d’une « mise en garde spéciale » destinée aux professionnels de santé et aux patients

En effet, dans son point d’information en date du 16 octobre 2018, l’ANSM fait référence à ces deux études danoises en considérant que « les contraceptifs hormonaux pourraient également être associés à un risque accru de suicides et de tentatives de suicide. Cette étude était le prolongement d’une étude de la même équipe danoise, publiée il y a deux ans, qui confirmait le risque connu de dépression lié aux contraceptifs hormonaux ».

L’ANSM informe que lors de sa réunion tenue début octobre 2018, le comité pour l’évaluation des risques en matière de pharmacovigilance (PRAC) de l’agence européenne des médicaments (EMA) a considéré « que l’ensemble des connaissances actuelles et leurs limites méthodologiques ne permettent pas d’établir clairement un lien de causalité entre l’augmentation rapportée de ces risques suicidaires et l’utilisation de contraceptifs hormonaux ». Mais, ce comité a « recommandé que les Autorisations de Mise sur le Marché soient mises à jour afin de refléter ces informations ».

Pour les produits concernés, il a été recommandé que cette mise à jour soit faite par l’ajout d’une « mise en garde spéciale » au niveau du Résumé des Caractéristiques du Produit (RCP ; version VIDAL® notamment) et au niveau de la notice.








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