vendredi 15 septembre 2017

Nouvelle formule du LÉVOTHYROX® : le mystère dans le citron (acide citrique) ?


Face aux actuels troubles entourant la nouvelle composition du LÉVOTHYROX®, l’explication du mystère se trouverait, peut-être, dans le citron. Ce dernier permettrait, en plus, de faire quelques économies

Comme tout médicament, la spécialité LÉVOTHYROX® est composée d’un principe actif (lévothyroxine) et des excipients. La nouvelle composition a introduit un nouvel excipient : l’acide citrique anhydre. Le directeur de l’ANSM (agence nationale de sécurité du médicament) a déclaré que « l’acide citrique c’est du citron ». Une déclaration qui semblait anodine dans sa bouche : le citron serait banal. Mais, il ignorerait, peut-être, l'hypothèse qui surgit en pareilles circonstances.

Il est admis que le citron vert, tout comme le pamplemousse, l’orange amère ou de Séville, a un effet inhibiteur enzymatique.

Comme déjà expliqué notamment à la page 36 du livre « Ce que devient le médicament dans le corps humain. Conséquences en matière de soins », et à l’inverse d’un inducteur enzymatique, un produit inhibiteur enzymatique inhibe l’activité des enzymes du foie. L’activité de ces enzymes diminue. L’usine métabolique de l’organisme est ralentie voire à l’arrêt. Le médicament, associé à cet inhibiteur, est alors transformé de façon plus lente. Ce médicament conserve son efficacité pendant une période supérieure à la durée voulue. Cette augmentation de l’efficacité peut conduire au surdosage. Mais, une solution existe : adapter la posologie du médicament. La dose est diminuée lors de l’introduction de l’inhibiteur ; et elle est augmentée après l’arrêt de cet inhibiteur.

La première question est donc : cet effet inhibiteur du citron est-il dû à l’acide citrique (que l’on extrait de ce citron) ?

Si la réponse est affirmative, la nouvelle formule du LÉVOTHYROX® contiendrait alors, intrinsèquement, un inhibiteur enzymatique. Elle deviendrait le siège d’une potentielle et permanente interaction entre la lévothyroxine, un médicament à marge thérapeutique étroite, et l’acide citrique. Cet excipient agirait donc, non pas au niveau de l’absorption digestive de la lévothyroxine mais, lors de la troisième phase de la pharmacocinétique(1) : celle du métabolisme (dégradation ralentie de la lévothyroxine). L’élimination de la lévothyroxine se trouverait ainsi freinée ; ce qui conduirait à une accumulation du médicament dans l’organisme.

Rappelons qu’il est aussi admis que l’effet de cette lévothyroxine diminue avec certains médicaments inducteurs enzymatiques (qui produisent l’effet inverse des inhibiteurs enzymatiques).

Si la lévothyroxine est influencée par un inducteur enzymatique, ne pourrait-elle pas l’être aussi par un inhibiteur enzymatique tel que le citron (acide citrique) ?

Lorsque dans la même spécialité, un principe actif est associé, de façon fixe, à un excipient inhibiteur enzymatique, la tentation est grande de vouloir prévoir les conséquences de cette interaction : il suffirait de diminuer la quantité du principe actif et de compter sur l’excipient inhibiteur enzymatique pour « booster » l’activité de ce principe actif. Avec cette astuce, le laboratoire pharmaceutique pourrait ainsi anticiper un surdosage tout en générant des économies.

La deuxième question est donc : l’acide citrique aurait-il conduit à diminuer la quantité de la lévothyroxine dans le nouveau LÉVOTHYROX® ?

Ce raisonnement conduit donc à s’interroger sur la qualité du rapport : quantité de lévothyroxine / quantité d’acide citrique. Ce rapport est-il optimum ?

Enfin, n’oublions pas les variations métaboliques, d’ordre physiologique et/ou pathologique, inter- et intra-individuelles. Il est également utile de s’interroger sur les études de pharmacodynamie(2) (et pas seulement de pharmacocinétique(1)) et sur la relation pharmacocinétique – pharmacodynamie chez les volontaires sains mais aussi chez les malades (patients de la « vraie vie »). Enfin, tous les traitements instaurés, à base de lévothyroxine, seraient-ils justifiés ? Est-il judicieux de mettre en route un traitement pour toute élévation de la TSH, et à vie ?

 

(1)                 Pharmacocinétique (devenir du médicament dans l’organisme) : c’est ce que l’organisme fait au médicament.

(2)                 Pharmacodynamie : c’est ce que le médicament fait à l’organisme.

 

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