mercredi 21 juin 2017

Le stérilet MIRENA® (lévonorgestrel) : des femmes surprises par des effets indésirables


MIRENA® (lévonorgestrel) est un dispositif intra-utérin (DIU), alias stérilet. C’est un moyen de contraception qui couvre une période de 5 ans. Il peut être une alternative éventuelle chez les femmes qui supportent mal des DIU au cuivre.

Actuellement, plusieurs femmes semblent surprises par des effets indésirables qui seraient imputables au MIRENA®. Elles dénoncent un manque d’informations sur ces effets indésirables. Depuis quelques semaines, leurs réclamations sont relatées notamment par plusieurs articles de presse et dans les réseaux sociaux. Une association aurait été créée pour alerter sur ces risques. Cette situation a déclenché un communiqué de l’ANSM (agence nationale de sécurité du médicament) en date du 12 mai 2017.

La majorité des effets indésirables dénoncés sont déjà indiqués notamment dans le résumé des caractéristiques du produit (RCP) version VIDAL® 2017*.

Il revient aux professionnels de santé concernés d’informer, dès la prescription et lors de la dispensation, les femmes souhaitant ce type de contraception. Par ailleurs, une surveillance s’impose après la pose du dispositif intra-utérin et invite à la déclaration, en pharmacovigilance, des effets indésirables constatés.

Il y a lieu de rappeler aussi que ce n’est pas parce qu’un effet indésirable est décrit dans une liste et que la femme présente cet effet, que le médicament est forcément, et systématiquement, à l’origine de cet effet. L’analyse de l’ensemble du dossier (antécédents, pathologies, médicaments associés, examens clinique et biologique, etc.) est nécessaire. L’imputabilité d’un effet indésirable à un médicament requiert plusieurs critères. C’est le rôle de la pharmacovigilance.

* Extrait du VIDAL®2017, rubrique « Effets indésirables »










vendredi 16 juin 2017

Pharmacovigilance : une nouvelle plateforme du Ministère de la santé inutile, nuisible et coûteuse


Notre alerte de 2014 à la direction

Dès le début de la réflexion nationale sur les vigilances sanitaires, j’ai éclairé notre direction. En effet, le 19 juin 2014, j’écrivais :

« (…)

Cette coordination devrait se construire dans le sens suivant : de la base vers le sommet. De l’échelon local et territorial en remontant vers la strate régionale puis le niveau national…

L’expérience acquise à proximité directe du sujet devrait servir de fil conducteur à la construction du dispositif.

La documentation d’un cas signalé ne peut se faire de façon sérieuse, exhaustive et efficiente qu’au niveau local, à proximité directe du dossier et des praticiens en charge de ce dernier. La qualité des informations recueillies et transmises en dépend. Et cette qualité de l’information -remontée – conditionne directement celle de l’analyse, des conclusions et des décisions.

Cette remarque appelle à s’interroger également sur la qualité des informations qui sont envoyées directement par le patient lui-même. Ce dernier n’étant pas nécessairement un expert du domaine. L’accompagnement du patient est donc une question qui mériterait d’être soulevée.

(…)

Le signalement invite à organiser aussi les modalités qui permettent de garantir la sécurité, la confidentialité et l’anonymisation des données requises par le secret médical durant toutes les étapes du dispositif des vigilances sanitaires.

(…) »

Réponse à notre message de 2014 envoyé au Ministère de la Santé

Le 1er juillet 2014, je reçois une réponse m’indiquant : « Nous avons bien reçu votre message. Il a été transmis à Madame la Ministre. »

Puis, plus rien.

Découverte fortuite d’un portail de signalement qui aurait coûté deux millions d’euros

Finalement, le ministère de la santé, lui, adopte une démarche inverse. J’ai appris, par hasard, l’existence d’une nouvelle plateforme sensée recueillir les signalements des effets indésirables présumés d’origine médicamenteuse.

Une plateforme inutile, nuisible et coûteuse : vers une dilution, une noyade, des signaux importants

Désormais, n’importe qui peut déclarer un effet indésirable en l’imputant à tel ou tel médicament.

Il suffit qu’une personne se connecte à Internet pour accéder à cette plateforme.

Prenons l’exemple d’un décès qui survient dans un établissement de santé. Un membre de la famille peut déclarer ce décès via cette plateforme sans même informer le médecin qui suivait le patient décédé. La direction de l’établissement aussi ne sera pas informée.

À cette étonnante méthode s’ajoute le fait que, depuis peu et avant la mise en place de cette plateforme, tout effet indésirable doit être déclaré. Alors qu’auparavant, l’obligation réglementaire de signalement ne concernait que les effets indésirables graves et/ou inattendus.

Le même effet indésirable peut alors être déclaré par différents moyens et auprès de plusieurs organes. Des doublons

Cette orientation prise ne peut que conduire à la dilution des signaux importants. Les cas graves et/ou inattendus peuvent être noyés dans une masse d’informations transmises sans contrôle préalable.

La qualité de ces données interroge.

Le secret professionnel (médical) pourrait être malmené.

Une expérience menée par des journalistes

« En deux clics, Le Figaro a d’ailleurs réalisé trois fausses déclarations. Penelope Prisma (nom fictif) âgée de 22 ans a ainsi utilisé un gel douche à l’abricot causant des démangeaisons, a mal été prise en charge à l’hôpital (sans même préciser lequel), et enfin, s’est vue saigner du nez après avoir pris de la Thalidomide, une vieille molécule utilisée dans les années 1950-1960 comme anti-nauséeux, responsable de malformations importantes et aujourd’hui réservée aux prescriptions hospitalières. Sera-t-elle prise en compte ? En tout cas elle encombre le système. »

C’est un extrait d’un article publié le 14 mars 2017. Ce dernier indique notamment :

« Les pharmacovigilants avaient prévenu : ce sera une « usine à gaz »»

« Pour la modique somme de deux millions d’euros, Marisol Touraine a créé… » cette plateforme.

« Le gouvernement de l’époque [2009-2011] avait un peu triché en matière de communication pour dire que cette réglementation intervenait dans le cadre de l’après-Mediator »

« La plateforme permet également des déclarations anonymes »

« La base nationale de pharmacovigilance va ainsi être polluée »

« On appauvrit le sytème déjà existant en créant un outil qui ne servira à rien à part générer des faux bruits concernant des effets indésirables qui n’en seraient pas »

À lire absolument (tout l’article).

Conclusion

D’une incontestable sous-notification des effets indésirables graves et/ou inattendus, la pharmacovigilance semble être entraînée vers la voie d’une sur-notification de tout effet indésirable par n’importe qui.

Dans le même temps, certains se plaignent d’un manque de moyens en pharmacovigilance.

Une déclaration de pharmacovigilance ne se limite pas à un simple signalement administratif. Elle nécessite la transmission d’un dossier bien documenté et médicalement validé. Cela contribue à la qualité et à la puissance des études notamment épidémiologiques qui pourraient être effectuées ultérieurement. Parfois, plusieurs mois sont nécessaires pour pouvoir documenter valablement un dossier.

Par ces motifs non exhaustifs, l’arrêt de cette plateforme, notamment, me semble être une action envisageable et dans les meilleurs délais.






jeudi 15 juin 2017

« Affaire Docétaxel » : la direction du centre hospitalier de Cholet a transmis notre alerte à l’ANSM


Le 4 mai 2017, nous avons publié l’article intitulé : « Un décès sous Docétaxel : ce que l’ANSM ne dit pas encore ».

Le 10 mai 2017, la direction du centre hospitalier de Cholet transmet cet article à Monsieur le directeur de l’ANSM (agence nationale de sécurité du médicament) comme le montre le courrier suivant et sa pièce jointe.

Courrier de la direction à l’ANSM :


Pièce jointe à ce courrier (article du 4 mai 2017) :

 
Un mois plus tard, le 13 juin 2017, le journal Le Figaro vient publier un article sous le titre : « Docétaxel : la France a mal géré le dossier ». Dans cet article, on peut lire notamment ceci :

« Les cancérologues se sont affolés »

« Ils ont mis le bazar partout » 

« D’un médicament, le docétaxel, qui avait un rapport bénéfice-risque acceptable, on s’est peut-être mis dans un rapport inversé avec un produit moins efficace »

 « Qu’en dira Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, par ailleurs cancérologue et ancienne présidente de l’Institut national du cancer ? »

Ce revirement vient confirmer notre position publiée dès le début de cette affaire.

Note :

Désormais, on dirait que presque « tout le monde » voudrait ressembler à l’affaire dite « affaire MEDIATOR® ». Une affaire qui n’a, d’ailleurs, livré des informations que de façon sélective. On continue d’ignorer les causes profondes des dysfonctionnements du circuit du médicament, pris dans sa globalité. Ces distorsions génèrent près de 20.000 décès annuels.

Le climat actuel ne peut que nuire à la pharmacovigilance voire à la santé publique.

Les autorités ad hoc semblent perdues. Qu’elles maintiennent ou qu’elles retirent un médicament du marché, elles sont toujours critiquées ; ainsi que le laboratoire pharmaceutique.

À force de stigmatiser la pharmacovigilance, ces autorités ont alors proposé des solutions sans nous concerter. Mais, ces solutions pourraient aggraver davantage la situation.






mardi 13 juin 2017

L’« affaire DÉPAKINE® » : Cholet, 2003


Actuellement, en 2017, la presse parle de l’affaire dite « affaire DÉPAKINE® ». Ce médicament a été prescrit chez des femmes enceintes et a entraîné des malformations congénitales chez certains bébés.

Or, le risque tératogène (qui produit ces malformations congénitales) de l’acide valproïque (DÉPAKINE®) est connu de longue date. Une expérience vécue, en 2003, montre comment un médecin a su protéger sa patiente. Ce cas met en évidence le bon réflexe que tout professionnel de santé devrait intégrer à sa pratique courante.

La chronologie de cette histoire vécue est la suivante :

Quinze (15) ans plus tôt : mise en place de la pharmacovigilance au centre hospitalier de Cholet

À l’hôpital de Cholet, la mise en place de la pharmacovigilance est initiée en septembre 2002. Quelques mois après, l’agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé (ANAES ; actuelle HAS : haute autorité de santé) certifie l’hôpital sans aucune réserve dans ce domaine de la pharmacovigilance.

Un des aspects importants de cette discipline concerne justement les « questions Grossesse ». La pharmacovigilance aide les prescripteurs à prendre leurs décisions de façon éclairée lorsque des patientes, en âge de procréer ou enceintes, sont confrontées à des prescriptions de médicaments.

Fin 2003, la question d’un médecin sensibilisé à la pharmacovigilance

Ce médecin nous interroge :

« Une de mes jeunes patientes est sous DÉPAMIDE® (valpromide) 300mg : 1 comprimé le matin et 1 comprimé le soir ; pour trouble bipolaire atténué. Son couple envisage une grossesse… Que prévoir ?? »

Précisons que lorsque ce médicament (valpromide) est absorbé par une patiente, une fois dans le corps humain, il se transforme notamment en acide valproïque (DÉPAKINE®).

À cette question, la pharmacovigilance a proposé la réponse suivante.

Réponse de la pharmacovigilance adressée à ce médecin en 2003

« (…) Le valpromide est métabolisé en acide valproïque et en valproate qui est un produit tératogène chez l’animal et chez l’homme.

Dans l’espèce humaine, les malformations observées sont des défauts de fermeture du tube neural (avec une fréquence de 1 à 2%), des dysmorphies faciales, des anomalies du cœur, des membres et des hypospadias chez les nouveaux-nés de sexe masculin.

En pratique, une réévaluation du rapport bénéfice/risque du traitement devra être faite par le médecin avant le début de la grossesse.

Si le traitement est poursuivi, une supplémentation en acide folique (5mg/j) peut être conseillée afin de diminuer le risque de défauts de fermeture du tube neural. Celle-ci doit débuter avant la grossesse (idéalement à l’arrêt du contraceptif) et se poursuivre durant le premier trimestre.

Une surveillance anténatale ciblée sur la face, les membres, le cœur devra être faite par échographie. Une recherche de défaut de fermeture du tube neural par échographie et amniocentèse (dosage d’alphafoetoprotéine et recherche d’acétylcholinestérase dans le liquide amniotique) est également à prévoir.

De plus, il conviendra d’informer les pédiatres qui prendront en charge l’enfant (…) ».

Des informations disponibles dès 1990

Dans le VIDAL®, version 1990, il est précisé notamment :

« (…) quelques cas de polymalformations et de dysmorphie faciale ont été rapportés. La réalité et la fréquence de ces effets ne sont pas clairement établies à l’heure actuelle. Cependant, sur la base d’une étude isolée, le valproate de sodium semble induire préférentiellement des anomalies de fermeture du tube neural : myéloméningocèle, spina bifida (…) malformations dont le diagnostic anténatal est possible. La fréquence de cet effet est de l’ordre de 1 pour cent (…) ».

Le 24 mai 2015, un rappel des risques et des notions à titre préventif diffusé au sein de l’établissement

Deux jours avant le point d’information du 26 mai 2015 de l’ANSM (agence nationale de sécurité du médicament) concernant le renforcement des conditions de prescription et de délivrance des médicaments à base de valproate et dérivés du fait des risques liés à leur utilisation pendant la grossesse, nous avons publié un article intitulé : « Grossesse et malformations congénitales présumées d’origine médicamenteuse : quelques notions à titre préventif. »

Cet article a été diffusé à l’ensemble des professionnels de santé du centre hospitalier de Cholet.

Une affaire de quoi ? de qui ?...

Cette « affaire DÉPAKINE® » me semble être, avant tout, une affaire de mésusage.

Une interrogation reste en suspens : ce mésusage aurait-il cessé depuis les nouvelles données publiées ?






jeudi 4 mai 2017

Un décès sous Docétaxel : ce que l’ANSM ne dit pas encore


Dans son dernier communiqué du 2 mai 2017 intitulé « Docétaxel : point d’étape sur les investigations en cours – Point d’information », l’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) ne semble pas intégrer tous les cas de décès sous Docétaxel.

Pourtant, ce communiqué indique qu’il s’agit de « partager l’ensemble des informations disponibles à date en France et en Europe sur le docétaxel. » Or, ces « informations » ne semblent pas exhaustives.

En effet, un autre cas de décès a été transmis au système national de pharmacovigilance française : à l’ANSM. Ce décès semble exclu de l’analyse livrée par l’ANSM en ce 2 mai 2017. Pourtant, les données de ce cas pourraient aider à l’appréciation du rapport bénéfice / risque du Docétaxel.

Ce cas de décès, ignoré par l’ANSM, donne quelques orientations :

-     Le patient décédé est de sexe masculin ;

-     C’est la spécialité princeps (TAXOTERE®), et non le générique, qui a été prescrite ;

-     L’indication n’est pas celle du cancer du sein ;

-     Suite à ce décès, trois médicaments sont suspectés (et non pas seulement le Docétaxel) : TAXOTERE® (docétaxel), l’Itraconazole et OPDIVO® (nivolumab) ;

-     Une « interaction » médicamenteuse entre le Docétaxel et l’Itraconazole pourrait être à l’origine d’« une augmentation de la toxicité du docétaxel ». La « symptomatologie d’évolution fatale est tout à fait évocatrice d’une toxicité du docétaxel. Cette dernière a pu être favorisée par l’effet inhibiteur de l’itraconazole du CYP3A4 enzyme intervenant dans le métabolisme du docétaxel. » ;

-     Le « rôle étiologique de l’immunothérapie par nivolumab dans la survenue de la colite ne peut toutefois pas formellement » être « éliminé ». Malgré l’arrêt de ce médicament 1 mois plutôt. Ce qui soulève la question suivante : faudrait-il instaurer une fenêtre thérapeutique (un certain temps sans chimiothérapie anticancéreuse) dans tout protocole faisant succéder une prescription de Docétaxel à celle de Nivolumab (après l’arrêt du Nivolumab, respecter un certain temps (calculable) avant d’initier un traitement par Docétaxel) ? ;

-     Pour chacun de ces trois médicaments, une imputabilité intrinsèque (établie par croisement des scores chronologiques et sémiologiques) de niveau « I1 » (Douteuse) est retenue ;

-     Pour l’OPDIVO® et le TAXOTERE®, une imputabilité extrinsèque (c’est-à-dire bibliographique) de niveau « B3 » (le maximum) est retenue (car l’effet est déjà décrit dans au moins un des ouvrages pharmacologiques de référence).

Ces données, non exhaustives, ne permettent pas de tirer une conclusion. Il est difficile d’établir un lien de causalité certain et direct entre ces médicaments et le décès survenu. Mais, ces informations pourraient être utiles lors d’éventuelles études notamment épidémiologiques ultérieures. Et, c’est tout le sens de la pharmacovigilance. Ce cas devrait donc être intégré par l'ANSM.

D’ailleurs, d’un évaluateur à l’autre, l’imputabilité retenue peut varier.






mercredi 12 avril 2017

« Le business du sang » : Attention, nouvelle Alerte !


Suite à notre article intitulé « Alerte sur les Médicaments Dérivés du Sang (MDS) : vers un nouveau scandale sanitaire ? », voici un complément d'informations :

Un récent documentaire sur « le business du sang » :

Un « don » (rémunéré) du sang qui permet aux donneurs (pauvres) de se procurer de la drogue… ; de payer les factures… ;

L’interrogatoire du donneur est effectué par un robot… ;

Des interrogations en suspens sur l’origine notamment de certains médicaments dérivés du sang (MDS) qui arrivent sur le « marché » européen… et donc français… ;

Etc.
 




Article de presse : Cliquer ici


Attention (rappel) : Chaque établissement de santé, notamment, devra être vigilant lors du référencement des médicaments dont l'utilisation est recommandée à l’intérieur de l’établissement.






samedi 8 avril 2017

Alerte sur les Médicaments Dérivés du Sang (MDS) : vers un nouveau scandale sanitaire ?


Des médicaments importés moins contrôlés…

Une concurrence déloyale, avec des multinationales privées étrangères, mettant en difficulté un laboratoire national français entièrement public ; conséquence d’une directive européenne « médicament »…

Les hôpitaux français ont pourtant le pouvoir de choisir...

 


Un message m’informe d’une « rupture » de stock « nationale » de certains médicaments dérivés du sang (MDS) dont la TEGELINE®.

Cette rupture « peut durer quelques mois » selon ce message.

La TEGELINE® est commercialisée par le Laboratoire de Fractionnement et des Biotechnologies (LFB) : société anonyme détenue à 100% par l’État.

Cette situation préoccupante s’expliquerait par notamment les faits suivants :

Années 2016-2017 : le laboratoire LFB épinglé par une inspection inopinée de l’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) : Injonction N°16MB134-INJ

Selon un document daté du 26 janvier 2017, une « inspection inopinée » de la société LFB BIOMEDICAMENTS effectuée du 07 au 10 novembre 2016 par des inspecteurs de l’ANSM a mis en évidence « des non-conformités et manquements importants ». Les réponses apportées par le laboratoire ont été jugées non satisfaisantes par l’ANSM qui relève :

1.  Des insuffisances du système qualité pharmaceutique ;

2.  Des non-conformités aux AMM (autorisations de mise sur le marché) et aux BPF (bonnes pratiques de fabrication) des opérations pharmaceutiques de production ;

3.  Des non-conformités aux dossiers d’AMM des opérations de contrôle pour l’ensemble des produits fabriqués, relatives à l’absence de réalisation du test de stérilité dans le cadre des études de stabilité à péremption.

D’où l’injonction portant sur cet établissement et prise en application du code de la santé publique.

Années 2012-2013-2014 : Madame la Ministre des Affaires Sociales et de la Santé interpellée par l’Assemblée Nationale et le Sénat sur la situation : Concurrence avec des Laboratoires étrangers

Sénat : alertes du 13 décembre 2012 et du 22 mai 2014

« situation inquiétante du (…) LFB pour la production de médicaments dérivés du sang (MDS) destinés aux établissements hospitaliers français (…) soumis aux règles d’appel d’offres des hôpitaux et sont donc en concurrence avec ceux des laboratoires étrangers. Ces derniers ne sont pas soumis aux mêmes règles que le LFB pour l’obligation de déclaration des suspicions de maladie de Creutzfeldt-Jacob sporadique (MCJs) qui font, en France, l’objet de retrait de lots par le LFB (…) pèseront à terme sur les emplois… » (M. Didier Guillaume)

« (…) mettant à mal l’avenir de cet établissement public, face à la concurrence de multinationales (… » (Mme Laurence Cohen)

Alors qu’en 2013, « le Premier ministre a demandé à M. Olivier Véran, député de l’Isère, de conduire une mission chargée de réexaminer de manière globale la filière sang en associant les parties prenantes à cette réflexion », Mme Laurence Cohen fait remarquer qu’en « juillet 2013, le député Olivier Véran a rendu public son rapport sur la filière du sang en émettant des recommandations importantes allant dans le sens d’un renforcement du service public de la transfusion » et qu’« à ce jour, aucune n’a été prise en compte ».

Assemblée Nationale : alertes du 05 février 2013 et du 04 mars 2014

« M. André Chassaigne attire l’attention de Mme la ministre (…) sur les contradictions en matière de sécurité des médicaments dérivés du sang et ses conséquences pour les patients et le Laboratoire français des biotechnologies (…) LFB, qui est entièrement public, produit la moitié des MDS, le complément étant importé. Or ces MDS importés ne sont pas soumis aux mêmes exigences éthiques et de sécurité que ceux élaborés par le LFB (…) concurrence déloyale de la part des multinationales concurrentes (…) De ce fait, le LFB connaît des difficultés financières graves, entrainant la suppression de nombreux emplois de recherche et développement et une réduction importante des investissements industriels (…) En conséquence (…) comme l’a recommandé en 2010 l’inspection générale des affaires sociales (…) »

« M. Martial Saddier attire l’attention de Mme la ministre (…) sur les difficultés rencontrées par le Laboratoire LFB (…) est ainsi soumis à la concurrence des multinationales privées étrangères qui cassent les prix en France (…) »

Réponses de la Ministre des Affaires Sociales et de la Santé, en date du 8 août 2013, du 12 février 2015, du 26 mars 2013 et du 17 février 2015

Le texte de ces réponses est quasiment le même. À lire absolument… Voici un extrait :

 « (…) La fabrication et la commercialisation des médicaments dérivés du sang sont prévues par la directive « médicaments ». Dans ce cadre, le système d’autorisation de mise sur le marché (AMM) européen s’applique et la France ne peut s’opposer à l’entrée sur son territoire de MDS étrangers. Aujourd’hui, les situations de l’EFS [établissement français du sang] et du LBF sont impactées par la politique des retraits de lots menée en France qui est actuellement l’une des plus strictes en cas de suspicion de maladie de Creutzfeld-Jacob (MCJ) sporadique au nom du principe de précaution. De fait, les autres pays de l’UE n’appliquent pas une telle politique à leur plasma. Ce retrait s’applique donc aux seuls produits issus du plasma français et, de ce fait, a des conséquences sur l’EFS et le LFB mais pas sur les collecteurs ou les fractionneurs étrangers. Par ailleurs, dans le domaine des médicaments dérivés du sang, le LFB a progressivement perdu auprès des hôpitaux français des parts de marché face à des laboratoires étrangers du fait d’une moindre compétitivité de ses prix. Les hôpitaux français sont en effet soumis au code des marchés publics et ne peuvent favoriser le LFB en tant que tel (…) ».

Mais...
 
Pardon de vous contredire Madame La Ministre, Madame et Monsieur Le Député ou Sénateur : le code des marchés publics n’impose pas aux hôpitaux publics le choix d’un médicament de moindre qualité

Dans le cadre des marchés publics, le premier critère pris en considération est celui du rapport bénéfice / risque d’un médicament. Le critère du prix est secondaire. Ce dernier n’entre en jeu que lorsque les produits, mis en concurrence, présentent une qualité identique.

Un hôpital français a donc, non seulement la possibilité mais également, l’obligation de choisir le médicament le mieux contrôlé.

Il doit raisonner en « mieux disant » et non pas en « moins disant »…

Comme cela est expliqué dans le livre « Médicament : recadrage. Sans ton pharmacien, t’es mort ! » l’hôpital est « obligé de faire un tri parmi tous ces médicaments (…) Seuls les médicaments présentant un rapport bénéfice / risque réellement éprouvé doivent pouvoir, théoriquement, « rentrer » à l’hôpital. Ils sont référencés dans un livret appelé « livret du médicament » (…) Ce référencement (…) influe directement sur la procédure relative aux marchés publics. »

Ce livre indique aussi que « jusqu’à un certain temps, l’élaboration de ce livret revenait à la commission du médicament. La composition de celle-ci était définie par voie réglementaire. Elle était composée par notamment des praticiens venant de diverses spécialités. La direction de l’hôpital y siégeait (…) C’est elle qui était chargée d’effectuer ce tri entre les médicaments. Comme un vigile à l’entrée d’une boîte de nuit si je puis m’exprimer ainsi. Elle jouait ainsi le rôle d’un filtre. Qui, parfois, pouvait être percé ! (…) C’est dire la position stratégique d’une telle commission. Et celle-ci n’était pas à l’abri de quelques conflits d’intérêts. Depuis le décret n°2010-1029 du 30 août 2010 relatif à la politique du médicament dans les établissements de santé [décret d’application de la loi HPST (hôpital, patients, santé, territoires) du 21 juillet 2009, dite loi BACHELOT], les conditions de gestion du bon usage des médicaments, notamment, ont été modifiées. La commission médicale d’établissement se voit, désormais, confier les missions de la commission du médicament (…). »


Les patients concernés auraient-ils été informés ?