dimanche 30 août 2020

Covid-19 : une épidémie de « malades », ou une épidémie de « tests » et de « médias » ?

 

« Si les personnes suivent les prescriptions éducatives au prix de frustrations vitales d’importance, on peut se demander si les bienfaits sanitaires produits en aval - de qualité essentiellement probabiliste d’ailleurs – valent une telle mutilation. » (S. FAINZANG, L’éthique est-elle risquée ? La Santé de l’Homme, 2000)

 

Les décisions actuelles ne provoqueraient-elles pas une dénaturation de la notion de « Santé » ?

Dans la continuité de la réflexion proposée dans notre article (du 20 août 2020) intitulé « Covid-19 : trois mois après le dé-confinement, des informations utiles », d’autres interrogations méritent d’être soulevées. En particulier, cette maladie Covid-19, liée au coronavirus (Sars-CoV-2), interroge le sens de la vie ; sa gestion actuelle appelle à discuter notamment ce qu’est le sens du mot « Santé », ou plus précisément : que veut dire « être en bonne santé » ?

En plus des incohérences soulignées dans notre article du 20 août 2020, de nouvelles décisions sont, pour le moins, étonnantes.

 

Quelques nouvelles incohérences

 

Le port du masque est déjà obligatoire, à l’extérieur, dans certaines villes ; mais, il ne sera obligatoire dans les entreprises, à l’intérieur en milieu clos, qu’à partir du 1er septembre 2020. Le risque à l’intérieur est pourtant plus élevé qu’à l’extérieur.

Une préfecture aurait établi un arrêté concernant le port du masque à l’extérieur. Face à la contestation enregistrée, elle aurait finalement publié un communiqué censé modifier cet arrêté : les deux écrits semblent souffrir d’un défaut de motivation.

Ce virus serait surprenant : dans les bars et restaurants, il serait plus actif (plus virulent) à partir de 23h00 ; et dans les stades de football amateur, il aurait une préférence et un tropisme pour le spectateur « assis ». C’est ainsi que, par exemple, un communiqué diffusé, le 29 août 2020 par la Ligue de Football des Pays de la Loire, précise que « les spectateurs debout [sont] à nouveau autorisés » ; mais sauf sur « le territoire de la Mayenne »« le huis clos reste en vigueur jusqu’au 31 août ». Ce huis clos aurait été levé dans le département de la « Sarthe » (qui est classé en zone rouge) ; mais il reste maintenu dans le département de la « Mayenne » (qui ne serait plus en zone rouge)…

D’ailleurs, les critères actuels utilisés pour classer tel ou tel département dans la zone rouge sont-ils les mêmes que ceux utilisés au début de l’épidémie ? N’aurait-on pas opéré, de façon discrète, un changement de ces critères ?

Le fameux « R zéro » serait-il un indicateur pertinent ? Cet indicateur supposerait que le virus diffuse de façon homogène dans la population et que tous les individus présenteraient la même susceptibilité à ce virus. Remarquons qu’actuellement, on nous parle plutôt du « R effectif ».

Comme le relèvent souvent les juges, la contradiction des motifs équivaut à leur absence. Et les médias ne contribueraient-ils pas à "diffuser ce virus" ?

 

Le fondement d’une décision : une condition de sa crédibilité

 

En matière de santé publique notamment, des décisions et des injonctions contradictoires qui imposent à la population des contraintes, qui restreignent des libertés fondamentales, sans se fonder sur des preuves scientifiques solides et indépendantes ne risqueraient-elles pas de porter atteinte à la crédibilité des décideurs et d’accentuer davantage la méfiance de la population envers la politique de santé publique ?

L’information ne devrait-elle pas mettre à disposition du public les éléments relatifs aux bénéfices mais également aux risques de telle ou telle mesure : le port du masque ; le dépistage systématique ; les produits hydro-alcooliques ; etc. ? Le code de la santé publique consacre le droit de toute personne à une information « loyale, claire et appropriée » ; équilibrée. L’information est la condition de la validité du recueil du consentement libre et éclairé de la personne. D’une création jurisprudentielle, elle a reçu une consécration légale nationale et internationale. L’information est un droit ; le consentement, lui, est une liberté fondamentale : information et consentement relèvent du respect de la dignité de la personne humaine.

 

Questions supplémentaires (que toute personne devrait se poser)

 

Actuellement, dans le cadre de cette Covid-19, la décision politique semble se fonder principalement sur le résultat d’un test. En plus des questions proposées dans notre article du 20 août 2020, chaque personne est invitée à se poser les questions supplémentaires suivantes (non exhaustives) :

Un test positif signerait-il, mécaniquement et systématiquement, l’existence de la maladie ? À l’inverse, un test négatif garantirait-il l’absence de cette maladie ?

Notre article du 20 août 2020 discute du test de dépistage (RT-PCR). Concernant, cette fois, le test sérologique (recherchant des anticorps), l’absence de ces anticorps voudrait-elle dire, nécessairement, que la personne concernée n’a jamais rencontré (hébergé) le virus ?

De façon générale (ne concernant pas uniquement la Covid-19), ces anticorps sont-ils le seul moyen de défense dont dispose le corps humain ? Ces anticorps sont-ils toujours protecteurs, neutralisants… et pendant combien de temps ? Leur absence, ou leur disparition, signifie-telle que la personne n’est plus protégée ? Quels sont les autres moyens de défense immunitaire (immunité cellulaire...) et leurs modalités d’action ? À quel moment cette immunité humorale (liée aux anticorps) intervient-elle lors d’un processus infectieux ? Quelle est l’importance de cette immunité humorale (anticorps) par rapport à l’ensemble des moyens de défenses immunitaires équipant un organisme humain ? De façon imagée et à titre pédagogique, pourrait-on affirmer que ces anticorps ne seraient que l’équivalent des « agents des forces spéciales » pour une armée (qui compte avant tout l’armée de Terre, l’armée de l’Air, la Marine…) ?

La question devient encore plus aiguë lorsqu’elle soulève l’incertitude du test et sa fiabilité : lorsque ce test génère des « faux positifs » (la personne est déclarée positive à tort) et des « faux négatifs » (le test est négatif alors que la personne est porteuse du virus).

Un article du JIM (journal international de médecine), publié le 25 août 2020 sous le titre « Dépistage et traçage : nouveaux couacs à la française ? », met en évidence certaines limites et conséquences de la stratégie adoptée ; des inconvénients constatés par des professionnels de santé, et qui commencent à exaspérer nos concitoyens (« Foutez-moi la paix »).

Un test biologique n’est qu’un « critère intermédiaire ». Il n’atteint sa pleine utilité que lorsqu’il va dans le même sens que les critères cliniques (de morbidité (complications) et de mortalité).

Mais, remarquons que la communication et la rigueur, appliquées à la Covid-19, contrastent avec le bas bruit, voire le silence, observé dans d’autres situations (générant souvent, et de façon constante et durable, plus de victimes que la Covid-19) ; elles semblent brusquement s’arrêter, du moins s’atténuer, aux portes des autres comportements à risque : tabagisme, alcoolisme, mésusage des médicaments, mauvaise hygiène de vie (mauvaise alimentation, manque d’exercice physique, etc.), logements insalubres, pollution, accidents de la route, etc.

 

Les déterminants de la santé

 

Dans les facultés et hautes écoles françaises, nous apprenons que « les atteintes à la dignité ont un pouvoir pathogène identique à celui des microbes et des parasites » (Rapport Marmot, 2010). Et l’une des premières interventions en santé publique concernait une épidémie de choléra à Londres : l’histoire du docteur John SNOW et de la pompe à eau de Broad Street (c’est de façon délibérée que le présent article ne détaille pas cette histoire : informer c’est aussi inviter le lecteur à effectuer ses propres recherches).

Les déterminants de la santé s’intéressent à tous les facteurs qui influencent la santé de la population. Dans ce cadre, le système de soins ne compte que pour 25%, l’environnement social et économique pour 50%, la biologie et le patrimoine génétique pour 15%, et l’environnement physique pour 10% (Canadian institue for advanced research, cité par the conference board of Canada).

 

L’éducation pour la santé cherche à améliorer d’abord les relations humaines, plus que la modification des comportements

 

Selon un auteur : « L’éducation pour la santé a pour but de faciliter la rencontre entre les compétences des professionnels de la santé et les compétences de la population ; de cette rencontre naissent de nouvelles compétences qui contribuent à rendre plus autonomes les partenaires de l’action éducative. La connaissance scientifique de l’être humain ne trouve son sens qu’en étant confrontée à la connaissance qu’ont les gens d’eux-mêmes et de leur réalité de vie. L’éducation pour la santé vise donc l’amélioration des relations humaines plutôt que la modification des comportements. » (B. SANDRIN-BERTHON, À quoi sert l’éducation pour la santé pour pratiquer l’éducation du patient ? La Santé de l’Homme, n°383)

Or, depuis le début de cette situation sanitaire liée à la Covid-19, le lien social et la santé économique sont de plus en plus vulnérables.

Actuellement, certaines décisions sont, pour le moins, incompréhensibles ; et les imposer par la force (à coup d’obligations) ne rendraient pas ces décisions plus légitimes, bien au contraire.

 

Le retour des méthodes d’une période révolue ?

 

Il est stupéfiant de voir, par exemple, des CRS mobilisés pour surveiller le port du masque à l’extérieur.

Pourtant, une distance notable nous sépare d’une période révolue lors de laquelle l’on pouvait lire le docteur MONNIN, médecin inspecteur des écoles de la ville de Paris (1886) : « Les écoliers, il faut bien le dire, sont généralement fort malpropres. Aussi les instituteurs devront-ils à chaque classe, inspecter la figure, les mains, la tête, le linge et les vêtements des enfants ; veiller par une visite hebdomadaire complète à ce que les lavages et les bains leur soient donnés régulièrement ; faire de fréquents reproches, au sujet de la propreté, non seulement aux enfants, mais surtout aux parents ; si ces reproches sont inutiles, recourir aux punitions ; et, finalement, si l’on se heurte, malgré tout, à l’indocilité et au mauvais vouloir, ne pas hésiter à renvoyer les enfants dans leur famille ».

La lecture d’autres auteurs pourrait nourrir la réflexion (et notamment celle de nos dirigeants) :

« Pour assurer les conditions de travail optimales en termes de rendement et donc de profit, les classes dirigeantes se sont intéressées à la santé des classes laborieuses. » (G. HOUIOUX, Brève histoire de l’éducation pour la santé et de ses approches. Education Santé. 100 ; 1995) ;

Ou : « On entreprend alors d’apprendre aux pauvres les bonnes manières des riches. » (JP. DESCHAMPS, Porter un regard nouveau sur l’éducation pour la santé, Environnement et santé publique ; 1984) ;

Ou encore : « Ton corps appartient à la nation, ton devoir est de veiller sur toi-même. » (Les 10 commandements de la santé…des jeunesses Hitlériennes (1939). Cité par J. ATTALI, l’Ordre cannibale, 1979).

Quel est donc le sens du mot « Santé », ou plus précisément : que veut dire « être en bonne santé » ?

 

« Santé » : vers une nouvelle définition ?

 

Il y a donc lieu de s’interroger sur l’effectivité de l’actuelle définition de la santé. Une définition qui n’a cessé d’évoluer comme le révèlent les exemples suivants :

« Rien. Il ne faut que demeurer en repos. La nature, d’elle-même, quand nous la laissons faire, se tire doucement du désordre où elle est tombée. C’est notre inquiétude, c’est notre impatience qui gâte tout, et presque tous les hommes meurent de leurs remèdes, et non pas de leurs maladies. » (Molière, Le Malade imaginaire. Acte III, scène III) ;

« La santé, c’est la vie dans le silence des organes. » (René LERICHE, Chirurgien (1879-1955)) ;

« Tout bien portant est un malade qui s’ignore. La santé est un état précaire qui ne présage rien de bon. » (KNOCK ou le Triomphe de la Médecine, Jules ROMAINS, 1923) ;

« Etat de complet bien-être physique, psychologique et social » et non pas l’absence de maladie ou d’infirmité (Organisation mondiale de la santé (OMS), 1946).

 

Ce qui compte donc selon l’OMS, c’est de bien vivre avec sa maladie ou son infirmité. Mais, cette définition actuelle de l’OMS est vue par certains comme une « sensation que le commun des mortels peut connaître brièvement pendant l’orgasme ou sous l’influence des drogues. » (Petr SKRABANEK, La fin de la médecine à visage humain, Odile Jacob, 1995). Et l’ignorance, par les décisions constatées, de ces composantes « psychologique » et « sociale » (figurant pourtant dans cette définition de l’OMS), semble conforter l’avis de cet auteur : cette définition de l’OMS serait un idéal (utopique) ; inapplicable.

 

Sommes-nous déjà sur la route à destination d’une nouvelle définition de la « Santé » ?

Si oui, laquelle ?








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