jeudi 20 février 2020

Rupture de stock des médicaments : l’ouverture d’une étude nationale par les Centres Régionaux français de Pharmacovigilance (CRPV)


Le 29 janvier 2020, nous avons publié un article intitulé « Rupture de stock des médicaments : l’ouverture d’une étude (enquête) par le CTIAP (centre hospitalier de Cholet) » ; un article qui propose un questionnaire à remplir. Cette étude concernait le territoire choletais notamment.

Aujourd’hui, nous portons à votre connaissance l’ouverture, cette fois, d’une enquête nationale. Cette étude est lancée par le Réseau français des centres régionaux de pharmacovigilance (RFCRPV). Cette étude nationale est nommée CIRUPT (Conséquences Iatrogènes des RUPTures de stock).
Cette étude est coordonnée par les CRPV d’Angers, de Dijon et de Limoges.
Cette étude nationale observationnelle a pour but « d’analyser les conséquences sur la santé des patients » des tensions d’approvisionnement et des ruptures de stock des médicaments « survenues du 1er janvier 2020 jusqu’au 31 décembre 2020 ».



Le RFCRPV précise que « l’objectif est de mieux connaître les conséquences des ruptures de stock des médicaments afin de les anticiper et d’améliorer la prise en charge des patients ». Il insiste en précisant qu’« il est important que toutes ces conséquences (effets indésirables, interactions médicamenteuses, erreurs, aggravation de la maladie…) soient signalées afin que nous puissions évaluer au mieux le retentissement en vie réelle pour les patients ».
Par conséquent, le RFCRPV nous invite également à « notifier via nos créneaux de déclaration habituels, tout effet indésirable lié à une rupture de stock ou une tension d’approvisionnement d’un médicament ».
Nous avons appris que des cas d’effets indésirables ont déjà été déclarés ; dont une « situation extrême d’un décès » qui serait « en lien avec la rupture de stock » d’un médicament ; une rupture à l’origine d’un changement de spécialité médicamenteuse (dispensation au patient d’une spécialité initialement destinée au marché allemand) : malgré l’information qui aurait été donnée au patient, une erreur d’administration aurait été constatée.
Les résultats de cette étude nationale sont prévus courant 2021.
Les cas notifiés seront aussi déclarés auprès de l’ANSM (agence nationale de sécurité du médicament).
Sur le territoire Choletais, nous nous tenons donc à votre disposition pour relayer vos déclarations auprès du CRPV d’Angers.








lundi 3 février 2020

Avis du public présent. Conférence sur le médicament : les commentaires d’une association de patients, d’un journaliste, et d’un directeur d’hôpital (Joël Doumeau)


Suite à la cinquième réunion d’information indépendante destinée au public qui a été organisée le 30 janvier 2020 par le CTIAP du centre hospitalier de Cholet, et qui portait sur le thème « Connaître le médicament : son aventure dans le corps humain », plusieurs personnes présentes dans le public nous ont fait part de leurs avis sur cette rencontre.
Nous proposons ci-dessous trois commentaires reçus : celui d’une association de patients (UPGCS : Union pour la Prévention et la Gestion des Crises Sanitaires), celui d’un journaliste, et celui d’un directeur d’hôpital (Monsieur Joël Doumeau).

L’UPGCS, une association de patients

« Le médicament cet inconnu, mieux appréhendé après la conférence d’Amine Umlil au CTIAP de Cholet » (cliquer ici pour accéder à l’avis)

Un journaliste

« Vous saurez tout, tout, sur le médicament…
Merci (…) pour cette très complète et très intéressante conférence. J’ai parfois (rarement !) eu de petites difficultés à suivre à cause de mon inculture scientifique mais, globalement, j’ai beaucoup appris. Maintenant, je ne regarde plus du même œil, l’innocent comprimé qui m’est prescrit par mon généraliste… »

Monsieur Joël Doumeau, directeur d’hôpital (un commentaire qui, à lui seul, résume l’intégralité des avis reçus)

« « Connaître le médicament : son aventure dans le corps humain. »
Tel était l’intitulé de la conférence du Docteur Amine Umlil.
Aventure. Le mot était fort bien choisi.
Une véritable expédition.
Avec ce qu’elle suppose d’organisation et d’aléas.
Et de dangers.
La conférence était captivante.
A tel point qu’elle n’a pas semblé aussi longue qu’elle fut.
Plus de trois heures.
L’exposé de la pharmacocinétique était remarquablement structuré et documenté.
Amine Umlil ne s’est pas livré à un simple exercice de vulgarisation.
Ainsi, a priori sciemment indifférent au niveau de connaissance de la matière que pouvait avoir un public par nature plus ou moins averti, il a ponctué son exposé de démonstrations scientifiques.
La présentation de formules chimiques a pu paraître abstruse pour certains mais elle était indispensable pour la compréhension de l’évolution du médicament dans l’organisme et des notions – entre autres – de prodrogue et de métabolite.
Bien qu’inévitablement technique, la conférence ne s’est pas avérée accessible qu'aux seuls initiés.
L’aisance d’Amine Umlil, la fluidité de son exposé et son attention portée aux questions de son auditoire auxquelles il a répondu avec tact et pédagogie ont fait qu’à l’issue de la conférence je n’ai pas eu la sensation de sortir d’un cours magistral.
L’exposé fut documenté sur les plans scientifique, juridique et éthique.
Il fut également illustré par des exemples.
Des cas, pour user de ce terme d’une grande froideur mais reflétant le recul nécessaire.
Des situations dramatiques, évitables.
Des vies qui prennent fin sans que l’aléa puisse être invoqué.
Et des vies parfois sauvées si une véritable enquête est menée.
Tel que le ferait un enquêteur judiciaire s’attachant au moindre fait, à l’environnement, aux circonstances, à l’enchaînement des actions.
Une véritable investigation fondée sur des éléments matériels et des données scientifiques.
Cette phase finale de la conférence tint également en haleine.
Une conférence d’une grande densité, sans approche dogmatique et ô combien éclairante. »







samedi 1 février 2020

« Connaître le médicament : son aventure dans le corps humain » : Résumé de la réunion d’information du 30 janvier 2020 au centre hospitalier de Cholet


Comme annoncé, la cinquième réunion d’information indépendante portant sur le thème « Connaître le médicament : son aventure dans le corps humain » a eu lieu le jeudi 30 janvier 2020 à 18h au centre hospitalier de Cholet.
Cette rencontre avec le public a duré environ 3 heures.
Le présent compte rendu est l’occasion de renouveler nos remerciements aux personnes présentes, et en particulier celles venant du Nord de la France et de la région Bretagne. Lors des échanges qui ont suivi cette conférence, nous avons également appris la présence, que nous saluons également, d’une personne issue du monde de l’industrie pharmaceutique.


©CTIAP, centre hospitalier de Cholet (Maine-et-Loire), 30 janvier 2020


Plusieurs points ont été abordés. Ils indiquent notamment le chemin d’un médicament : de ses origines jusqu’à son élimination par le corps humain ; et même jusqu’aux précautions à prendre pour la gestion des déchets et des excrétas (toxicité, environnement). Nous pensons avoir fourni quelques éléments de compréhension qui, désormais, pourraient permettre aux personnes présentes de lire les mentions légales figurant, par exemple, dans un extrait de RCP (résumé des caractéristiques du produit) et en particulier la rubrique intitulée « Pharmacocinétique » avec ses quatre phases : « Absorption », « Distribution », « Métabolisme », « Excrétion ». Mais, avant d’aborder cette étape, nous avons expliqué des notions fondamentales : définition d’un médicament, sa composition, son évaluation avant la commercialisation, sa surveillance après la mise sur le marché (pharmacovigilance), sa fabrication industrielle, les bonnes pratiques de fabrication, sa présentation sous différentes formes pharmaceutiques, la notion de médicament générique et les principes d’une étude de bioéquivalence, le rôle des excipients, les différentes voies d’administration, la notion de biodisponibilité, la notion de marge thérapeutique, le polymorphisme génétique et les variations interindividuelles, les principes des interactions (incompatibilités) entre les médicaments (et aussi entre les médicaments et les aliments [Jus de pamplemousse, citron vert, orange amer ou de Séville, etc.], entre les médicaments et les plantes [Millepertuis, etc.], entre les médicaments et l’alcool, entre les médicaments et le tabac, etc.)… Les cas particuliers des enfants, des personnes âgées, de la femme enceinte ont été discutés.
Les conséquences en matière de soins de ces notions, leur utilité, ainsi que plusieurs conseils pratiques ont été dispensés.
Ces explications ont été illustrées par des cas réels. Les personnes présentes ont ainsi compris, par exemple, les raisons (techniques) qui ont conduit aux effets indésirables et aux décès évitables suivants (exemples) :

Exemple 1

Une étude, réalisée en 2016 par un centre régional de pharmacovigilance, a mis en évidence 78 grossesses non désirées (inattendues) : conséquence d’une interaction médicamenteuse rendant inefficace le traitement à visée contraceptive.

Exemple 2

Une femme de 40 ans est admise aux urgences pour une faiblesse bilatérale des extrémités des membres inférieurs. Depuis plus de 2 ans, elle est traitée par Simvastatine (ZOCOR® ou autre), un médicament contre un excès de Cholestérol. Deux semaines avant l’arrivée aux urgences, elle a pris l’habitude de consommer un pamplemousse frais entier par jour. Une Rhabdomyolyse (destruction des cellules musculaires) est diagnostiquée. L’évolution a été favorable après l’arrêt du médicament.

Exemple 3

Un homme de 52 ans, ayant reçu une greffe du foie, est traité par Tacrolimus (PROGRAF® ou autre). Alors que son traitement est bien équilibré, soudainement, il devient nerveux, anxieux avec des tremblements permanents, une vision trouble. En moins d’une semaine, il ne peut plus travailler. Un surdosage en Tacrolimus et une insuffisance rénale sont relevés. Dans la semaine qui a précédé ce surdosage, ce patient avait consommé une grande quantité de marmelade d’agrumes (avec plus de 50% de pamplemousse).

Exemple 4

Une patiente âgée a mâché une forme LP (libération prolongée) de Diltiazem. Rapidement, elle s’est sentie étourdie, faible, somnolente. Son cœur se ralentit (bradycardie). Cette forme LP est alors remplacée par une forme à libération immédiate (plus facile à avaler). Mais, quelques temps plus tard, la forme LP est à nouveau prescrite (par oubli de l’incident précédent). La patiente mâche à nouveau ce comprimé. Trois semaines plus tard, elle décède.

Exemple 5

Une patiente âgée de 38 ans est hospitalisée en détresse respiratoire (œdème pulmonaire, pneumonie). Son traitement comporte : Labétalol, Nifédipine LP, Hydralazine. Avant leur prise, ces médicaments sont broyés (pour faciliter leur administration). Une bradycardie (le cœur se ralentit) et un arrêt cardiaque sont constatés. La patiente est réanimée. Le lendemain, les comprimés de Labétalol (avec une dose diminuée) et de Nifédipine LP sont broyés à nouveau. Une bradycardie sévère et une hypotension artérielle sont diagnostiquées. La patiente décède.

N.B. : Cette rencontre nous a aussi permis d’expliquer brièvement ce qu’est la pharmacie « galénique ». Elle vient du nom de Claudius Galenus qui a vécu à Rome au deuxième siècle de notre ère. Originaire de Pergame (Asie Mineure), il était médecin et pharmacien. Il fut notamment médecin de Marc Aurèle et de ses successeurs Commode et Septime Sévère (Empereurs romains). Seulement une partie de ses travaux nous est parvenue. Son intérêt pour la formulation des médicaments (la façon de les préparer) explique l’attachement de la pharmacie à Galien. D’ailleurs, les pharmaciens lui prêtent Serment.

Cette conférence était interactive. Elle s’est terminée par la lecture de deux RCP : celui de DOLIPRANE®500mg comprimé et de SOLUMEDROL®1g, poudre et solvant pour solution injectable.

Rappel : notre déclaration de lien et de conflit d’intérêt.

Enfin, nous rappelons que nos lecteurs peuvent proposer des sujets pour les prochaines rencontres.