vendredi 10 mars 2017

20.000 morts par an liés aux médicaments : les éternels oubliés des agendas politiques


Parler de la politique du médicament sans associer le pharmacien serait comme préparer une fête de Noël en oubliant la dinde et les fruits de mer.

Voici un vrai thème qui concerne tous les Français et qui se trouve à l’intersection de plusieurs domaines : Santé, Justice, Éducation, Environnement, etc.

Les années passent. Le chiffre se confirme. Chaque année en France, les médicaments, et notamment leur mauvaise utilisation (mésusage), génèrent près de 20.000 décès. Ce nombre de morts annuel dépasse largement celui constaté lors des accidents de la route.

Mais, encore une fois, ce véritable problème de santé publique ne semble pas intéresser les candidats à l’actuelle, et folle, élection présidentielle. Les députés de la Nation, les maires - qui souvent président les conseils de surveillance (ex. conseils d’administration) des hôpitaux - et les partis d’opposition ne manifestent pas non plus une attention particulière à ce fléau national.

C’est pourtant l’Homme (femme et homme) politique qui a su ériger les accidents de la route en grande cause nationale.

Comment donc expliquer ce chronique désintérêt de ces gouvernants face à cette véritable urgence de santé publique ?

À notre connaissance, seule une députée européenne d’Europe Écologie, Michèle Rivasi, aurait invité, au moyen d’un questionnaire, les candidats à détailler leur politique du médicament. Mais, ce questionnaire n’aborde pas l’une des questions fondamentales : la sécurisation du circuit du médicament dans les établissements de santé (publics et privés). C’est tellement « facile » de stigmatiser la seule « industrie pharmaceutique »… Le nœud du problème est occulté et la solution cardinale ne semble même pas identifiée par les auteurs de ce travail. Ce groupe, incluant Monsieur Philippe EVEN, ne ferait d’ailleurs apparaitre aucun pharmacien. Ce dernier est pourtant présumé être le spécialiste de ce domaine.

Les dysfonctionnements latents du circuit du médicament, constatés à l'intérieur et à l'extérieur des établissements de santé, ne concernent pas uniquement l’Organisation hospitalière. Ils impliquent nécessairement d’autres Institutions : Justice, Éducation, Environnement, etc.

Comprenons bien qu’un accident médicamenteux en moins est potentiellement un dossier en moins pour la JusticeL’évitable et le coûteux désordre, à l’origine d’une insécurité médicamenteuse, contribue à l’encombrement des urgences et des tribunaux.

Une solution, d’ordre préventif, existe pourtant. Elle n’appelle le vote d’aucun texte supplémentaire. Elle est rappelée dans plusieurs états des lieux, audits et rapports qui s’entassent depuis de nombreuses années ; des documents indépendants et réglementaires en tout premier lieu. C’est une solution chère aux Magistrats de la Chambre régionale des comptes, notamment. Elle permet de réduire, de façon significative, le nombre de victimes des accidents médicamenteux tout en générant une économie substantielle pour la Collectivité.

Par ailleurs, qui s’intéresse à la gestion des déchets médicamenteux ? Qui s’inquiète de ces infirmières, peut-être même enceintes, qui prépareraient, et sans protection, des médicaments anticancéreux ? Comment sont gérés les excrétas (urines, selles, etc.) des patients contenant ces médicaments anticancéreux notamment dans le cadre de l’HAD (hospitalisation à domicile) ? Etc. Des médicaments anticancéreux qui peuvent se retrouver dans l’organisme d’une personne saine (non traitée) par un simple contact avec ces produits, lors de la manipulation desdits excrétas, ou suite à la pollution environnementale. Des médicaments potentiellement tératogènes (à l’origine de malformations congénitales).

Le silence opposé à ce sujet de société est incompréhensible. En retour, les professionnels de terrain ne semblent plus prêter qu’une oreille discrète à l’inflation des textes. Quel est l’intérêt d’une loi si cette dernière n’est ni appliquée ni évaluée ?

Enfin, comme vient de le confirmer un collègue médecin d’une autre région : « on sait que 1 décès médicamenteux sur 2 peut être évité ! » Ce professeur de médecine rappelle aussi que les effets indésirables médicamenteux « restent la première cause d’admission à l’hôpital avant les maladies cardiovasculaires, neurologiques, oncologiques ou autres… ».

Cette apparente frilosité, voire ignorance, nous permet d’émettre l’hypothèse suivante : cette « première cause d’admission à l’hôpital » ne favoriserait-elle pas, parallèlement et paradoxalement, l’entretien du niveau d’activité de l’hôpital et donc son financement (à l’activité) ?

Il y a lieu de s’interroger vraiment sur les compétences réelles et sur les modalités de recrutement des « Conseillers » qui entourent les décideurs. Comment résoudre un problème sans aborder ses causes profondes ?






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