Brusquement, à croire les apparences, les problèmes chroniques de l’hôpital
public auraient disparu après notamment quelques augmentations de revenus
accordées aux uns et aux autres lors du « Ségur
de la santé », en plus des primes versées dans le cadre de la Covid-19
(liée au Sars-CoV-2).
Surprenant.
Persistance du
trouble à l’hôpital public malgré le « Ségur
de la santé »
En réalité, le désordre, et c’est peu dire, est toujours là.
L’hôpital public continue de souffrir et s’enfonce de plus en
plus. Les causes sont toujours les mêmes et les solutions sont connues ;
mais elles restent ignorées par les gouvernants.
Ces causes et ces solutions sont proposées dans notamment les deux
réflexions publiées par le journal LE
POINT. En effet, les deux tribunes datent, respectivement, du 22 mai 2020
et du 14 juin 2020. La première est intitulée « L’hôpital public a besoin
d’un choc structurel ». La deuxième est disponible sous le titre « 23
propositions nouvelles et indépendantes pour l’hôpital public de demain ».
De même, le 16 juin 2020, le Courrier
de l’Ouest a publié un article intitulé « Plus qu’un manque de
moyens, l’hôpital souffre de sa gouvernance » » (la version
papier est ainsi titrée : « L’hôpital doit se réorganiser »).
La survenue récente d’un
fait grave : Démission collective des membres de la commission médicale d’établissement
(CME)
Il y a donc lieu de révéler un nouvel exemple récent qui vient de
se produire dans un hôpital public après ledit « Ségur de la santé ». Ce fait est tellement rare qu’il
mérite d’être signalé. Avec éclat, il vient confirmer nos précédentes
affirmations (ci-dessus relayées par la presse). Dans cet hôpital, presque tous les membres de la commission
médicale d’établissement (CME) viennent de remettre leur démission, en ce
mois de septembre 2020. Un fait qui semble inédit dans cet hôpital.
Rappelons d’abord que dans un établissement public de santé, la CME
est l’une des instances représentatives
les plus importantes. Ses membres sont des médecins,
pharmaciens, sages-femmes… élus. Ils sont élus tous les quatre ans. La
direction de l’hôpital et les représentants du personnel, notamment, y siègent
également. Cette CME devrait veiller en particulier à la qualité et à la
sécurité des soins.
Pourtant, l’hôpital concerné (dont nous parlons ici) avait déjà organisé,
récemment, de nouvelles élections pour constituer sa nouvelle CME. Mais, dès le
début de ces élections, des tensions et des manœuvres discrètes avaient été
enregistrées ; la composition de cette nouvelle CME n’était pas régulière ;
etc. Et puis, il y a juste quelques jours, nous apprenons donc cette démission
en bloc. Ce fait appelle plusieurs interrogations.
L’omerta…
La ou les raison(s) qui
a (ont) motivé toutes ces démissions annoncées, de façon soudaine et groupée,
restent inconnues à ce jour. Les questions posées sont restées sans
réponses. Par exemple, les autorités ad
hoc sont-elles informées de ces démissions et de leur(s) motivation(s) ?
Cette rétention d’informations serait-elle l’expression d’un
nouveau mépris envers l’élection et un manque de considération vis-à-vis des
praticiens qui ont élu ces membres (leurs représentants) ?
On oublie, encore, et on recommence comme avant…
Une autre question interpelle.
Malgré la rareté et la gravité d’un tel acte, malgré son caractère
inédit dans cet établissement, la direction se contente d’informer notamment le
corps médical qu’elle envisage d’organiser, à nouveau, de nouvelles élections.
Elle ne semble pas vouloir répondre, au préalable, aux indispensables questions
qui se posent, de toute évidence.
Or, refuser de répondre à ces questions légitimes n’aurait pour
but que de servir, encore et à bas
bruit, des intérêts catégoriels et personnels au détriment de l’intérêt
général et du bon fonctionnement du service public hospitalier.
Il ne serait pas sérieux de reprendre, encore et toujours, les
mêmes individus actuellement au pouvoir, à l’origine de ce désordre, et de
recommencer comme avant : en changeant juste les rôles.
Ce n’est plus possible.
L’hôpital concerné a besoin d’un vrai changement.
De nombreuses alertes ignorées par l’agence régionale de santé (ARS)
notamment
Concernant l’hôpital en question (qui retient notre attention en
ce mois de septembre 2020), depuis plusieurs années, de nombreuses alertes ont été
adressées notamment à l’agence régionale de santé (ARS), en vain.
Puis, au ministère de la santé ; sans succès aussi : dans le
meilleur des cas, le ministère de la santé retourne l’alerte à ladite ARS. Et c’est
tout.
Ces alertes demandaient notamment la saisine de l’inspection
générale des affaires sociales (IGAS). Toujours en vain.
A minima, l’inspection générale des affaires sociales (IGAS)
doit être saisie
Avant d’organiser lesdites nouvelles élections, une enquête de
l’inspection générale des affaires sociales (IGAS) doit être ouverte.
Comme cela s’est produit dans un cas similaire, qui, lui, a été très médiatisé ; celui de
l’hôpital de Saint-Brieu (d’après les articles de presse) :
« Côtes-d’Armor : 120 médecins posent leurs démission le
même jour » (LE POINT, 13 octobre
2018) ;
« À l’hôpital de Saint-Brieu, 116 médecins en conflit avec
leur direction claquent la porte administrative » (Le Quotidien du Médecin, 16 octobre 2018) ;
Etc. (cf. les nombreux articles disponibles).
En ce mois de septembre 2020, cette CME est donc dissoute. Or, la
présidente de cette CME est également le vice-président du directoire.
Ce directoire est aussi l'une des plus hautes instances d’un hôpital public :
il est présidé par le directeur. Ce directoire est situé juste en dessous du
conseil de surveillance qui, dans le cas qui nous concerne, est présidé par le Maire
de la ville.
Logiquement, ce directoire devrait être également dissous.
Tout semble s’écrouler. Ce trouble était prévisible.
N.B. : Des
propositions demandant la suppression de l’ARS
Au mois de juin 2020, l’une de nos propositions demandait la « suppression de l’agence régionale de
santé (ARS) - un géant administratif ; un nain fonctionnel - (…) »
(cf. article du POINT du 14 juin
2020, ci-dessus).
Le 9 septembre 2020, sur son compte Tweeter, un député de La République
En Marche (LREM) faisait état de sa tribune dans le Quotidien du Médecin :
« Les Agences Régionales de Santé (ARS)
ne servent à rien, mais desservent nos territoires (…) Il faut les supprimer (…)
Ma tribune dans Le Quotidien du Médecin : « Ces monstres froids doivent être supprimés » »
(Cf. Tweet ci-dessous) :
À nouveau, nous alertons.
À suivre...
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