Face aux actuels troubles
entourant la nouvelle composition du LÉVOTHYROX®, l’explication du mystère se
trouverait, peut-être, dans le citron.
Ce dernier permettrait, en plus, de faire quelques économies…
Comme tout médicament,
la spécialité LÉVOTHYROX® est composée d’un principe actif (lévothyroxine) et
des excipients. La nouvelle composition a introduit un nouvel excipient :
l’acide citrique anhydre. Le
directeur de l’ANSM (agence nationale de sécurité du médicament) a déclaré que « l’acide
citrique c’est du citron ». Une déclaration qui semblait anodine dans sa bouche : le citron serait banal. Mais, il ignorerait, peut-être, l'hypothèse qui surgit en pareilles circonstances.
Il est admis que le
citron vert, tout comme le
pamplemousse, l’orange amère ou de Séville, a un effet inhibiteur enzymatique.
Comme déjà expliqué
notamment à la page 36 du livre « Ce que devient le médicament dans le corps humain. Conséquences en matière de soins », et à l’inverse d’un inducteur enzymatique, un produit inhibiteur
enzymatique inhibe l’activité des enzymes du foie. L’activité de ces enzymes
diminue. L’usine métabolique de l’organisme est ralentie voire à l’arrêt. Le
médicament, associé à cet inhibiteur, est alors transformé de façon plus lente.
Ce médicament conserve son efficacité pendant une période supérieure à la durée
voulue. Cette augmentation de l’efficacité peut conduire au surdosage. Mais, une solution existe : adapter
la posologie du médicament. La dose est diminuée lors de l’introduction de l’inhibiteur ;
et elle est augmentée après l’arrêt de cet inhibiteur.
La première question
est donc : cet effet inhibiteur
du citron est-il dû à l’acide citrique (que l’on extrait de ce citron) ?
Si la réponse est
affirmative, la nouvelle formule du
LÉVOTHYROX® contiendrait alors, intrinsèquement, un inhibiteur enzymatique.
Elle deviendrait le siège d’une potentielle et permanente interaction entre la
lévothyroxine, un médicament à marge thérapeutique étroite, et l’acide citrique.
Cet excipient agirait donc, non pas au niveau de l’absorption digestive de la
lévothyroxine mais, lors de la troisième phase de la pharmacocinétique(1) :
celle du métabolisme (dégradation ralentie de la lévothyroxine). L’élimination
de la lévothyroxine se trouverait ainsi freinée ; ce qui conduirait à une
accumulation du médicament dans l’organisme.
Rappelons qu’il est
aussi admis que l’effet de cette
lévothyroxine diminue avec
certains médicaments inducteurs
enzymatiques (qui produisent l’effet inverse des inhibiteurs enzymatiques).
Si la lévothyroxine est influencée par un inducteur
enzymatique, ne pourrait-elle pas l’être aussi par un inhibiteur enzymatique
tel que le citron (acide citrique) ?
Lorsque dans la même
spécialité, un principe actif est associé, de façon fixe, à un excipient
inhibiteur enzymatique, la tentation est grande de vouloir prévoir les conséquences
de cette interaction : il suffirait de diminuer la quantité du principe
actif et de compter sur l’excipient inhibiteur enzymatique pour « booster »
l’activité de ce principe actif. Avec cette astuce, le laboratoire
pharmaceutique pourrait ainsi anticiper un surdosage tout en générant des
économies.
La deuxième
question est donc : l’acide citrique
aurait-il conduit à diminuer la quantité de la lévothyroxine dans le
nouveau LÉVOTHYROX® ?
Ce raisonnement
conduit donc à s’interroger sur la qualité du rapport : quantité de lévothyroxine / quantité d’acide citrique. Ce rapport est-il
optimum ?
Enfin, n’oublions pas
les variations métaboliques, d’ordre physiologique et/ou pathologique, inter-
et intra-individuelles. Il est également utile de s’interroger sur les études
de pharmacodynamie(2) (et pas seulement de pharmacocinétique(1)) et sur la relation
pharmacocinétique – pharmacodynamie chez les
volontaires sains mais aussi chez les malades (patients de la « vraie
vie »). Enfin, tous les traitements instaurés, à base de lévothyroxine,
seraient-ils justifiés ? Est-il judicieux de mettre en route un traitement
pour toute élévation de la TSH, et à vie ?
(1)
Pharmacocinétique (devenir
du médicament dans l’organisme) : c’est ce que l’organisme fait au médicament.
(2)
Pharmacodynamie :
c’est ce que le médicament fait à l’organisme.
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