En 2017, une étude
danoise a été réalisée sur des données disponibles dans plusieurs registres (de
prescriptions, de psychiatrie, de décès, de tentatives de suicide) couvrant une
période se situant entre 1996 et 2013. Elle a concerné toutes les femmes qui étaient
âgées d’au moins 15 ans à cette période. Ces femmes n’avaient aucun antécédent
psychiatrique. Au total, ce sont près de 500 000 femmes qui ont été
suivies sur une durée moyenne de 8,3 années.
Un risque 3 fois plus élevé de
« suicide » et un risque 2 fois plus élevé de « tentative de
suicide » sous contraception hormonale
Cette étude (Skovlund
CW et al. « Association of hormonal contraception with suicide attempts
and suicides » ; Am J Psychiatry 2018 ; 175(4) : 336-342) a alors détecté
environ 71 suicides et 7 000 tentatives de suicide. Selon les auteurs, le risque de « suicide »
était environ 3 fois plus élevé et
le risque de « tentative de suicide » était environ 2 fois plus élevé chez les femmes
utilisant une contraception hormonale orale ou autre (estroprogestative ou
progestative) par rapport aux femmes qui n’ont jamais pris de tels produits.
Cette même équipe
danoise avait déjà suggéré un lien entre cette contraception hormonale et « dépression »
(Skovlund
CW et al. « Association of hormonal contraception with
depression » ; JAMA Psychiatry 2016 ; 175(4) : 336-342).
Hier, le 16 octobre
2018, sur son site internet, l’agence nationale de sécurité du médicament
(ANSM) publie un point d’information intitulé « Contraceptifs hormonaux et risques suicidaires : signal de
sécurité et renforcement de l’information ».
Modification de l’autorisation de mise sur
le marché (AMM) recommandée : l’ajout d’une « mise en garde
spéciale » destinée aux professionnels de santé et aux patients
En effet, dans son point
d’information en date du 16 octobre 2018, l’ANSM fait référence à ces deux
études danoises en considérant que « les
contraceptifs hormonaux pourraient également
être associés à un risque accru de suicides et de tentatives de suicide. Cette étude était le prolongement d’une
étude de la même équipe danoise, publiée il y a deux ans, qui confirmait le
risque connu de dépression lié aux
contraceptifs hormonaux ».
L’ANSM informe que
lors de sa réunion tenue début octobre 2018, le comité pour l’évaluation des
risques en matière de pharmacovigilance (PRAC) de l’agence européenne des
médicaments (EMA) a considéré « que
l’ensemble des connaissances actuelles et leurs limites méthodologiques ne permettent pas d’établir clairement
un lien de causalité entre l’augmentation rapportée de ces risques suicidaires
et l’utilisation de contraceptifs hormonaux ». Mais, ce comité a « recommandé que les Autorisations de
Mise sur le Marché soient mises à jour afin de refléter ces informations ».
Pour les produits
concernés, il a été recommandé que cette mise à jour soit faite par l’ajout
d’une « mise en garde spéciale » au niveau du Résumé des
Caractéristiques du Produit (RCP ;
version VIDAL® notamment) et au niveau de la notice.
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