Le 21 septembre 2017, nous avons publié l’analyse de Madame le docteur Michèle BOISDRON-CELLE
exerçant à l’Institut de Cancérologie de
l’Ouest (ICO), site Paul Papin basé à Angers
(Maine-et-Loire). D’une part, l’auteure de cet article nous alertait sur les toxicités mortelles associées à la chimiothérapie anticancéreuse à base du
5-fluorouracile (5-FU) observées chez des
patients déficitaires en une enzyme particulière appelée « DPD » ; et d’autre part, elle nous proposait une solution pour prévenir notamment ces décès évitables tout en réduisant
les coûts pour la collectivité : le dépistage
systématique de ce déficit enzymatique en « DPD » avant l’instauration du
traitement. Ce risque est ainsi qualifié par le dictionnaire des médicaments
(Le VIDAL® 2017) : « risque maximal de toxicité engageant
le pronostic vital ou d’évolution fatale ».
Le 14 novembre 2017, la question est posée à l’Assemblée nationale. Un
député interpelle Madame la Ministre de la santé.
En décembre 2017, la revue
indépendante Prescrire vient révéler un « bilan des effets
indésirables » du 5-FU portant sur une période de « 10
ans ». L’étude est réalisée par le centre régional de pharmacovigilance
(CRPV) de Marseille en lien avec plusieurs autres CRPV. Ce centre a analysé les
notifications, enregistrées dans la base nationale de pharmacovigilance
française, qui ont été déclarées entre le 1er janvier 2005 et le 31
décembre 2015. Seuls les effets indésirables graves ont été analysés. Ces données révèlent notamment :
-
1 505 observations
notifiant 2 816 effets indésirables
chez 805 femmes et 694 hommes âgés en moyenne de 61 ans ;
-
Les effets indésirables les plus
fréquents étaient des atteintes hématologiques, digestives, cutanées et cardiaques ;
-
155 patients ont vu leur pronostic vital engagé ;
-
133 décès ;
-
L’activité de cette enzyme « DPD »
était connue pour seulement 50
patients.
N’oublions pas que les signalements en pharmacovigilance souffrent d’une
sous-notification bien connue. Tous
les effets indésirables, notamment graves, ne sont pas déclarés.
La revue rappelle donc qu’« un
déficit en cette enzyme [DPD] est considéré comme un facteur de risque
majeur d’effets indésirables ». Et
qu’en mars 2017, le
comité technique de pharmacovigilance de l’ANSM (agence nationale de
sécurité du médicament) s’est prononcé
« pour
un dépistage systématique du déficit en DPD avant tout traitement »
à base de 5-FU.
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