Actuellement, une
série d’articles de presse destinés au grand public alertent sur des effets
indésirables qui seraient imputables à la nouvelle composition du LÉVOTHYROX® (lévothyroxine).
Et si l’explication
se trouvait plutôt dans la base de données de pharmacovigilance de
l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ? En effet, dans son numéro 2 de
l’année 2017, la WHO Pharmaceuticals Newsletter publie un
article(1) sous le titre : « Panic
attacks with levothyroxine » (Dr
G Niklas Norén and Dr Birgitta Grundmark, Uppsala Monitoring Centre).
Cet article émet
donc un « signal ». Un
signal important eu égard notamment au contexte actuel en France.
Le centre de
pharmacovigilance d’Uppsala y analyse ainsi 187 observations relatives à ces attaques de panique (« panic attacks »), des effets
indésirables qui seraient imputables au principe actif lui-même : la
lévothyroxine (LÉVOTHYROX® ou autre). Et non pas aux excipients...
Ces observations
sont enregistrées dans la base de données de pharmacovigilance de l’OMS
(VigiBase®). Les symptômes décrits sont proches de ceux de l’anxiété. Ils rappelleraient les effets indésirables
dont se plaignent actuellement certains patients en France. Ces symptômes
sont des prodromes annonciateurs d’une attaque de panique chez certains
patients prédisposés. Dans plusieurs cas décrits dans ces observations, le lien
entre la lévothyroxine et ces effets indésirables n’a pas été identifié. Ce qui a prolongé la dégradation de la
qualité de vie des patients. Certains malades ont même arrêté la prise de
lévothyroxine malgré le désaccord des soignants [ce que nous déconseillons en
règle générale] : un soulagement est alors noté. Dans plusieurs cas, ces
effets indésirables ont disparu après une réduction des doses ou après un arrêt
temporaire du traitement. Chez plusieurs patients, ces effets indésirables sont
réapparus après la réintroduction de la lévothyroxine. Parfois, les
concentrations du médicament dans le sang étaient dans la zone thérapeutique
recommandée.
Les cas notifiés
proviennent des pays suivants :
États-Unis d’Amérique, Pays-Bas, Royaume Uni, Allemagne, Canada, Italie, Suède,
Autriche, Suisse, Danemark, Norvège et Espagne.
En France, dans le
RCP (résumé des caractéristiques du produit) du VIDAL® version 2017 des spécialités pharmaceutiques commercialisées
à base de lévothyroxine, ces effets
indésirables (attaques de panique) ne
sont pas mentionnés. D’où l’importance
d’informer les patients et les professionnels de santé.
La lévothyroxine
est un médicament à marge thérapeutique étroite avec une demi-vie
d’environ 7 jours. Les conséquences de ces notions de « marge
thérapeutique » et de « demi-vie », notamment, sont expliquées,
de façon simple, dans un livre paru en juin 2016. Brièvement, rappelons
qu’un médicament à « marge thérapeutique étroite » peut produire une
toxicité ou devenir inefficace suite à une faible variation de la concentration
dans le sang ; et que plus la demi-vie est élevée, plus il faut du temps pour
obtenir un équilibre du traitement. Ce type de médicament appelle une
adaptation posologique précise, fine et individualisée qui s’accompagne d’une
surveillance clinique et biologique étroites.
Il appartient aux
autorités ad hoc de conclure sur ce
point.
Afin d’épargner la
recherche au lecteur, et peut-être à l’ANSM (agence nationale de sécurité du
médicament), l’entier article indiqué est joint ci-dessous.
(1)
Dr G Niklas Norén
and Dr Birgitta Grundmark, Uppsala Monitoring Centre « Panic attacks with levothyroxine » WHO Pharmaceuticals
Newsletter 2017 ; 2 : 23-25.
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