Il est parfois
difficile de prendre une décision face à un éventuel effet indésirable nouveau
d’un médicament commercialisé. Un exemple concret permet d’illustrer ce fait.
Une patiente, âgée
de 69 ans, souffre d’une polyarthrite rhumatoïde. Elle débute un traitement par
abatacept
(ORENCIA®) et ressent une amélioration. Ce médicament est un
immunodépresseur. La patiente prend d’autres médicaments. Mais, environ trois
semaines après l’introduction de l’abatacept,
le médecin détecte une occlusion de la
veine centrale de la rétine du côté droit.
Cette occlusion,
cet accident thromboembolique, n’est pas un effet indésirable connu sous ce
médicament. Au niveau de la littérature, les données disponibles n’autorisent
nullement d’accuser, avec certitude, ce produit. L’imputabilité de cet effet
indésirable à ce médicament reste donc douteuse.
Pour autant, le
lien ne pourrait être écarté eu égard à certains signalements enregistrés par
le système de pharmacovigilance. Ces signaux, bien qu’ils ne soient pas
similaires au cas de cette patiente, méritent l’attention.
En effet, une
première base de données repère 5 cas. Dans certains de ces cas, l’évolution
est connue et favorable. Chez un de ces patients, le traitement a été arrêté.
Chez deux autres, il a été poursuivi avec l’ajout d’un traitement
anticoagulant.
Une deuxième base
de données enregistre 30 cas de thrombose. L’évolution n’est connue que dans 3
cas ; elle est favorable. Chez 2 patients, le traitement a été arrêté.
Une troisième base
de données livre 25 cas de thrombose, 4 cas de thrombose veineuse, 15 cas de
thrombose veineuse profonde et 1 cas d’occlusion vasculaire.
Serions-nous face à
l’émergence d’un nouvel effet indésirable inconnu à ce jour ? Ou cet effet
indésirable serait-il la manifestation d’une autre cause non médicamenteuse ?
Le doute devrait-il bénéficier au patient ou au
médicament qui
semble soulager ce patient ?
Devrait-on arrêter, dé-prescrire, le médicament suspect ?
Ou le poursuivre en ajoutant un autre médicament, en l’espèce un
traitement anticoagulant, susceptible de prévenir l’évènement thromboembolique en
question ? Un autre médicament avec, par conséquent, le risque inhérent à
ses propres effets indésirables.
En pratique, la
décision thérapeutique appelle à s’interroger sur l’évaluation du rapport
bénéfice / risque de ce médicament et sur la place de ce produit dans l’arsenal
thérapeutique disponible. Cette décision doit associer le principal
concerné : le patient. Ce dernier doit être informé de façon éclairé.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire